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Laurette Lacroix a fait ses études après l'application de la Loi sur les écoles du Manitoba qui abolissait le français comme langue officielle, et après que l’enseignement public en toute autre langue que l’anglais y soit interdit. Malgré tous ces efforts d’assimilation des francophones, Laurette réussit non seulement à conserver son français, mais à coucher sur papier des anecdotes sur sa vie à la ferme lorsqu’elle était jeune fille et jeune mère. C’est à titre posthume que nous publions ses écrits.

Les dimanches en famille
(suite)

La mère, voulant un jour de repos, souhaitait avoir une bonne pluie pour le lundi, car elle aimait prendre une partie de la journée pour lire sa revue Liberté, qui incluait un roman. Pour le père, c’était son journal La Presse avec les nouvelles du Québec et surtout la politique. Il avait aussi mis la main sur un poste de radio, composé de petites broches pliées qu’on devait ajuster sur les petits points noirs d’un aimant. Ce n’était pas facile de trouver une station assez claire. Il y avait de petites rondelles pour mettre sur les oreilles. C’était mieux que rien. Quand le père réussissait à trouver une station, il demandait que nous, les enfants, ne touchions à rien. 

Comme jeux, ceux de cartes étaient toujours les préférés. On avait aussi le jeu de dames et le jeu de croquignoles. Plusieurs de nos voisins étaient de vieux garçons. Aucun ne voulait laisser la maison paternelle. Donc, ils venaient chez nous où il y avait beaucoup d’action en famille. 

Nous, les enfants, avions notre propre lecture. On avait les petits comics, les livres de cowboys ainsi que les Big Little Books, plus épais que longs. Il ne faut pas oublier la musique, le gramophone avec la crinque (manivelle). Des chansons québécoises avec la Bolduc, Maurice Chevalier, etc., et aussi les chansons de cowboys telles que celles de Wilf Carter. 

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L’arrivée de l’électricité, ça, c’était spécial. Au début, on avait la radio anglaise et un peu plus tard une station française. Le progrès commençait.

Non seulement l’électricité, mais aussi les voitures. Le père n’avait jamais conduit ça. Ça se présente assez facilement, car dans le temps, il y avait très peu de voitures sur la route. La voiture fut grandement appréciée, car on pouvait aller voir la famille Manaigre plus souvent. Conduire en ville, ça, c’était un gros « Non non » pour le père. Donc c’étaient les garçons qui prenaient le volant.

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Comme jeux, ceux de cartes étaient toujours les préférés. On avait aussi le jeu de dames et le jeu de croquignoles. Plusieurs de nos voisins étaient de vieux garçons. Aucun ne voulait laisser la maison paternelle. Donc, ils venaient chez nous où il y avait beaucoup d’action en famille. 

Nous, les enfants, avions notre propre lecture. On avait les petits comics, les livres de cowboys ainsi que les Big Little Books, plus épais que longs. Il ne faut pas oublier la musique, le gramophone avec la crinque (manivelle). Des chansons québécoises avec la Bolduc, Maurice Chevalier, etc., et aussi les chansons de cowboys telles que celles de Wilf Carter. 

L’arrivée de l’électricité, ça, c’était spécial. Au début, on avait la radio anglaise et un peu plus tard une station française. Le progrès commençait. Non seulement l’électricité, mais aussi les voitures. Le père n’avait jamais conduit ça. Ça se présente assez facilement, car dans le temps, il y avait très peu de voitures sur la route. La voiture fut grandement appréciée, car on pouvait aller voir la famille Manaigre plus souvent. Conduire en ville, ça, c’était un gros « Non non » pour le père. Donc c’étaient les garçons qui prenaient le volant.

Le téléphone, lui, arriva beaucoup plus tard. Juste ceux de la ville en avaient un ou bien les gens d’affaires.

Le nécessaire sur la ferme était surtout de la bonne nourriture fraîche telle que plusieurs sortes de viande, du lait et le beurre que la mère barattait. On avait des œufs en abondance avec lesquels la mère faisait beaucoup de desserts. Mais, parfois elle achetait du baloney – comme on trouvait ça bon!

Le gouvernement nous envoyait des dames pour montrer aux mamans comment faire la mise en conserve. Cela voulait dire que l’on pouvait avoir des légumes à longueur d’année. Toutes les mamans faisaient de la couture, mais les chaussures étaient achetées au magasin Eaton. Les petits pieds grandissaient vite, donc le petit chèque du lait de la crèmerie était étiré autant que possible. Au printemps, comme on aimait nos petites espadrilles pas chères. Pas chers comparé à celles d’aujourd’hui.

 

Il fallait que père se garde de l’argent pour acheter des semences. Durant l’été, il préparait son bois de chauffage pour l’hiver prochain. L’été était aussi la période où les fermiers s’échangeaient du temps, des machineries et aussi des équipes de chevaux pour les battages. Quand une grange n’était pas prête, ils traversaient chez le voisin et revenaient quand l’autre était prête. Cette période n’était pas facile pour les mamans. Il fallait nourrir des douzaines d’hommes qui avaient de gros appétits, car les battages étaient de l’ouvrage exigeant et poussiéreux. Quatre repas par jour, servis dans la salle à manger sur la grande table, comme pendant les fêtes, mais sans boisson. 

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S’il y avait une grosse tempête de pluie, plusieurs des hommes qui venaient de loin couchaient chez les fermiers. Ce n’était pas facile de se trouver un autre groupe d’hommes lorsqu’ils ne revenaient pas. Mais, les fermiers avaient plusieurs jeunes filles, alors c’était donc plus facile de garder les garçons en question proche d’eux, même si la plupart d’entre eux étaient gênés. 

Souvent, les récoltes étaient plutôt faibles à cause des sauterelles, de la grêle, etc. Les problèmes ont toujours été là et le seront toujours.    
 

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