top of page

Perles architecturales de Winnipeg

Et si on commençait à regarder Winnipeg autrement…

 

Je vous invite à une rencontre avec des perles disséminées à travers la ville : du quartier français de Saint-Boniface au centre-ville et son quartier de la Bourse en passant par La Fourche. L’objectif de cette chronique n’est pas de faire des leçons sur l’architecture des bâtiments, mais de redonner de la valeur à ces derniers. Mon but est également de vous inciter à regarder et à admirer les murs et les toitures, à écouter la musique figée jouée par les couleurs et les textures.

 

Toute architecture commence par une idée suivie par une structure. Je vais donc vous inviter à découvrir certaines perles architecturales et, pour chacune, vous présenter son site, son histoire et aspect architectural, sa vocation actuelle et sa valeur patrimoniale.

 

La première perle avec laquelle je vais commencer ma balade est l’hôtel de ville de Saint-Boniface. Ce beau bâtiment de style néogeorgien prononcé est situé sur le boulevard Provencher, la plus importante artère de Saint-Boniface. Il m’a choisi! Eh oui, c’est le premier bâtiment que je rencontre lors de ma visite à Winnipeg en 2017.

02.jpg

Adresse : 219, boulevard Provencher

Date de construction : du 1 ͤ ʳ janvier 1905 au 31 décembre 1906

Architecte : Victor Horwood¹

Entreprise de réalisation : William Grace Company

Coût total de réalisation : 60 000 $

Hôtel de ville de Saint-Boniface

06.jpg

Entrée principale : monumentalité et mise en valeur de l’entrée principale, grande porte surélevée sur des marches et surmontée par une grande fenêtre elliptique et une toiture en forme de chapiteau ornée d’une corniche et de modillons.

08.jpg

Gravures sur l’entrée principale : adresse et fonction de l’immeuble

L’hôtel de ville a été érigé pour rassembler diverses fonctions administratives au service du quartier de Saint-Boniface qui, à l’époque, était une municipalité autonome.

07.jpg

Gravure : année de réalisation de l’hôtel de ville

Les espaces étaient distribués selon le schéma suivant :

  • au rez-de-chaussée : le bureau du trésorier, le bureau du maire et de son secrétaire et le bureau du greffier

  • à l’étage : une salle de conseil et des bureaux

  • au deuxième étage : les locaux du chef de la police

09.jpg

On comptait onze cellules de prison au sous-sol dont neuf pour les hommes et deux pour les femmes. Étonnant, mais vrai, au début du 20 ͤ  siècle tous les services communautaires étaient rassemblés dans le même immeuble, même la prison était intégrée à l’hôtel de ville à l’époque.

 

L’authenticité du bâtiment est une qualité observable de l’extérieur comme de l’intérieur. Il reflète le style néogeorgien, à l’origine un style architectural importé d’Angleterre au début du XX ͤ  siècle pour la réalisation de certains types d'édifices, tels que les universités, les bureaux administratifs, les grandes demeures privées, etc.

 

11.jpg

Façade : disposition symétrique des fenêtres
et décoration de la corniche

10.jpg

Traitement d’angle de la façade,
travail et savoir-faire de la brique plaine

Comme toutes les constructions issues du même style, l’hôtel de ville se caractérise par :

  • des façades symétriques,

  • l’utilisation de la brique pleine rouge et de la pierre calcaire beige,

  • une forme rectangulaire de la masse bâtie,

  • une porte d’entrée principale centrée et surmontée d’une fenêtre,

  • des fenêtres elliptiques,

  • une tour en bois de forme carrée

  • et des corniches dominantes soutenues par des modillons.

Tous ces éléments visibles de l’extérieur et bien d’autres détails donnent au bâtiment son appartenance au style néogeorgien.

15.jpg

Fenêtre : détail des éléments décoratifs
d’une fenêtre de la façade principale

12.jpg

Entrée principale : traitement de la monumentalité
de l’entrée principale avec des colonnes doublées

01.jpg

Horloge de la tour

20.jpg

Vue de l’hôtel de ville depuis le boulevard Provencher

L’hôtel de ville n’est pas l’unique bâtiment à Winnipeg qui appartient à ce style d’architecture, on retrouve Taché Hall et le bâtiment de l’administration de l’Université du Manitoba et Moxam Court au 280-286 River Avenue, à titre d’exemple.

 

À la fin des années 40, on commence à délaisser le style néogeorgien au profit d’autres styles émergents. Actuellement, rares sont les architectes qui l’utilisent sauf pour la conception des maisons privées². Cependant, l’immeuble Governors Hall réalisé en 2006 à l'Université Saint-Francis-Xavier en Nouvelle-Écosse est un témoin de la persistance du style au Canada.

16.jpg

En 1984, l'hôtel de ville a été reconnu comme lieu historique national parce qu’il représente un excellent exemple de ce type d'édifice dans l'Ouest canadien. Et, suite à sa rénovation en 1988, le bâtiment a reçu le prix Heritage Winnipeg Conservation Award.

 

Aujourd’hui, notre perle continue de briller au cœur du quartier français. Toujours ouverte au public, on y trouve les bureaux d’organisme comme Tourisme Riel, la Maison des artistes visuels francophones et le World Trade Center Winnipeg.

Bannière : Service Tourisme Riel, un réel espace culturel
pour Saint-Boniface et Winnipeg

En terminant, voici les mots du romancier français Victor Hugo sur son interprétation de l’importance des œuvres architecturales comme témoin de l’évolution de l’être humain et de la pensée :

« L’architecture est le grand livre de l’humanité, l’expression principale de l’homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence ».

22.jpg

La tour et le temps qui court

¹ Possède à son registre plus de 30 immeubles à Winnipeg.

² Les architectes tels que Quinlan Terry, Julian Bicknell, et Fairfax et Sammons

Toutes les photos sont la propriété de Mohamed Rafik Bachiri.

Liste de tous les articles.jpg
bottom of page