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Ces paroles inspirées de lectures, de rencontres, de réflexions et de sa propension à jeter un regard critique sur la société qui l'entoure, Guy les offre aux créateurs de musique à la recherche de textes significatifs.

« La chanson… c’est un vivant petit oiseau sensible et intelligent dont l’univers est la cour, il connaît et ressent tout mais en petit, c’est très parent avec le conte et la fable. » – Félix Leclerc

Le texte que je vous présente aujourd’hui, je l’ai écrit expressément dans le but de dénoncer les violences que font subir à la planète et aux humains qui l’habitent ceux qui n’ont d’autres aspirations que celle de la richesse. Entendons « la richesse matérielle »,  la seule qu’ils connaissent, me semble-t-il. Ils sont parfois anonymes, parfois connus pour tenir les rênes du néolibéralisme ou pour en prôner les vertus. Ils propagent des idées floues sur l’économie, à saveur de slogans, nous laissant croire en leurs bonnes intentions dont la plus répandue est qu’il faut produire de la richesse pour pouvoir la partager — ce qu’ils ne font jamais, par ailleurs. 


Il serait commode de penser qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, qu’ils sont eux-mêmes l’objet d’un système devenu plus fort qu’eux, d’une idéologie qui les empoisonne. Mais il n’en est rien. Dans un récent article*, le philosophe Normand Baillargeon, s’appuyant sur un constat d’Alex Carey (psychologue social 1922-1987),  suggère que « trois phénomènes d’une importance politique considérable ont défini le XX ͤ siècle : 1) la progression de la démocratie; 2) l’augmentation du pouvoir des entreprises et 3) le déploiement massif de la propagande dans le but de maintenir les entreprises à l’abri de la démocratie ». Dans ce texte percutant, Baillargeon rappelle les origines de la pratique des « relations publiques » dont l’intention, on s’en doutera, est de manipuler l’opinion publique par une opération que leurs fondateurs ont appelée « la fabrication des consentements ». Il dénonce évidemment ce manque flagrant de respect pour la démocratie qui, au contraire, exige un consentement éclairé appuyé sur une information la plus objective possible. « La propagande est à la démocratie ce que la violence est à un État totalitaire », disait Chomsky, et c’est ce que nous rappelle Baillargeon en le citant en épigraphe. 


Le texte Comme des vautours, parce qu’il est soutenu par un sentiment de révolte, a été qualifié « d’adolescent » par un auteur-compositeur-interprète qui, à ma demande, a gentiment accepté de le commenter. J’en fus d’abord offusqué, jusqu’à ce que je me souvienne qu’adolescent, je préférais mes idéaux à tout autre chose, et que ces sursauts de colère qui m’animaient mettaient souvent en lumière les non-sens de cette vie que nous menons avec trop peu d’attention… et de respect. Tendre révolte, la plupart du temps, que celle des adolescents! Vous vous souviendrez peut-être de ces paroles de la chanson intitulée Utile, écrite par Étienne Roda-Gil et interprétée par Julien Clerc : « À quoi sert une chanson si elle est désarmée? ». Autrement plus déterminé, celui-là! 

Cela dit, je suis d’avis que ceux qui entraînent l’humanité entière vers une catastrophe doivent être pointés du doigt. Si l’adolescent en nous, effervescent et idéaliste, nous y conduit, alors vive l’adolescence et tant mieux pour l’humanité! 


* Baillargeon, Normand, Edward L. Bernays et l’invention du gouvernement invisible dans La dure école, Leméac, 2016, p 13 à 35.
 

Comme des vautours

Seul s’enrichir les anime
Ils y trouvent le parfait bonheur
Qu’importe s’ils commettent des crimes
Qu’importe s’ils sèment le malheur
Et ils agissent sans remords
Comme s’ils ne vivaient que de haine
Faut-il croire qu’ils ignorent
La valeur de la vie humaine

Ils tournent autour
Comme des vautours
Avalent ton esprit
Et ton âme aussi

Tu les trouveras à ta droite
Refusant toute liberté
À ceux qui ne portent cette cravate
Qui autorise à escroquer
Tu les sauras de convictions
Puisqu’ils sont tous convertis 
À cette même religion
Dont la doctrine est le profit 

Ils tournent autour
Comme des vautours
Avalent ton esprit
Et ton âme aussi

Ils ont fabriqué des humains
Conçus pour être leurs complices
Des femmes qui s’en lavent les mains 
Des hommes qui les applaudissent
Elle est efficace leur machine
Elle tue dans l’œuf toute rébellion
Car tout en elle nous destine
À servir leurs ambitions

Et je te vois tout impuissant
Devant ces rois un peu débiles 
Qui espèrent plus en leur argent
Qu’en une terre belle et fertile
Et je te vois qui sonnes l’alarme 
Et qui le fais si sagement
Avec tes mots pour seule arme
Repousseras-tu la mort à temps?

Ils tournent autour
Comme des vautours
Avalent ton esprit
Et ton âme aussi

 

© L’utilisation des textes se fait avec la permission de l’auteur.
Veuillez écrire à Guy Pilote à pilote.guy@gmail.com.
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