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Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.

14 novembre 2011

 

まだまだ (mada mada) = Tu as encore beaucoup à apprendre

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Je me sens pas mal motivée dernièrement à étudier le japonais. C’est comme si quelque chose en moi hurlait « Étudie le japonais! Continue à apprendre! ». Ou peut-être que c’est l’environnement japonais qui me leurre de façon subliminale à penser ainsi. Quoi qu'il en soit, je me sens soudain très enthousiaste à l'idée d'apprendre, encore plus que

d'habitude (pour ceux qui me connaissent: p). J'ai également acheté deux merveilleux livres à Kinokuniya le week-end dernier. Un dictionnaire de grammaire et un livre pour apprendre 1 100 caractères kanji. Le meilleur endroit pour acheter des manuels et d'autres ressources pour apprendre le japonais est ironiquement au Japon. Normalement, je pense qu'il est plus courant que les gens étudient la langue dans leur pays d'origine avant de venir au Japon, comme je l'ai fait. Mais si vous envisagez d'étudier le japonais, je vous suggère maintenant de venir d'abord au Japon pour acheter les excellents livres qu'ils ont ici.

Une des raisons pour laquelle je suis si enthousiaste à l'idée d'apprendre est probablement parce que je commence à me sentir comme chez moi ici. Je commence à comprendre de plus en plus chaque jour. Je peux demander des renseignements aux gens si je suis perdue. Je sais quel train prendre si je veux aller quelque part. Je sais où acheter ce dont j'ai besoin. Sans avoir à me concentrer autant, j’entends et comprends beaucoup mieux le japonais. Le japonais me vient beaucoup plus facilement maintenant. Parfois, un mot japonais me vient à l'esprit avant un mot anglais!

 

Mais en même temps, chaque fois que je veux me féliciter de ce que j'ai appris jusqu'à présent, je me rends compte à quel point je sais peu de choses, combien il reste à étudier. Et j'ai peur de ne pas avoir assez de temps pour être capable de le parler couramment comme  je le souhaite. Il y a tant à apprendre. Le japonais est vraiment une langue difficile.

 

Par exemple, ils ont tellement de mots pour dire la même chose. « Arriver », « faire », « aller », on utilise plusieurs expressions pour en transmettre le sens.

 

Et il existe différentes formes de japonais, selon la personne avec qui vous parlez. Si vous parlez à quelqu'un d’un rang supérieur, vous devez utiliser les formes teinei (langage poli) et keigo (langage honorifique). En classe, nous apprenons à employer la forme teinei la plupart du temps. Puis, quand je vais au cours de judo ou que je discute avec d'autres personnes de mon âge en japonais, je suis toute confuse parce qu'ils utilisent une autre forme, une façon de parler plus décontractée. Je dois donc constamment réfléchir pour savoir quelle forme je suis censée utiliser.

 

Les cours se passent bien. J'adore apprendre, c'est comme un passe-temps pour moi. Nous avons quatre professeurs différents, et la professeure d'aujourd'hui, Sakamoto sensei, est celle que j’aime le moins. Elle parle très vite et n'essaie pas de simplifier son vocabulaire pour nous, donc je ne comprends pas ce qu'elle dit la moitié du temps. Parfois, un étudiant lui demande la définition d'un mot en japonais. Et même si je connais cette définition, je ne comprends souvent pas ce qu'elle dit! Une chose que j'aime, c'est qu’elle ne connaît pas grand-chose à la technologie. Ainsi, chaque fois qu'elle doit utiliser la chaîne stéréo ou l'enregistreur pour jouer des dialogues ou des exercices de compréhension orale, cela lui prend généralement un certain temps. J’utilise ce temps pour commencer (et parfois finir!) mes devoirs de la journée hi hi. Parlez d'être efficace. 😉

 

Hier soir, je suis allé manger avec Natsumi, l'une des entraîneuses de judo, et nous avons pris des nouilles. Même si je sais que c'est la coutume au Japon, j'ai quand même été surprise d'entendre des aspirations bruyantes venant de l'autre côté de la table. Au Canada, nous avons l'habitude de ne pas faire de bruit en mangeant. Cependant, ici au Japon, il est acceptable et même encouragé d’aspirer lorsque vous mangez des nouilles. Cela signifie que la nourriture est bonne. Quand même, c’était difficile pour moi de me résoudre à faire du bruit. J'ai tellement l'habitude de ne pas en faire. C'est donc une autre chose que je vais devoir pratiquer. 😀

 

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6 novembre 2014

Travailler fort… sans trop d’efforts

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Mardi après-midi, j'ai couru à nouveau au dortoir des hommes pour la pratique de course à pied. Nous nous sommes alignés, avons salué, et nous nous sommes rapidement mis en route vers l'école. Pendant ce temps, j'ai découvert que nous allions faire ce qu'ils appellent un entraînement avec des pointes de vitesse, essentiellement des

sprints. J'avais vu de nombreuses autres équipes le faire sur l'une des collines de Tokai, et j'étais très excité de pouvoir le faire moi-même.

Une fois arrivés, on nous a séparés en deux groupes (le mien était les 66 kg et moins). Quelques instants plus tard, nous sommes partis en haut de la colline. Maintenant, j'ai ce genre de problème ici où, puisque je ne comprends pas environ 70 % de ce qu'ils disent, je ne sais pas où je vais. Par conséquent, je dois toujours suivre quelqu'un. Donc le premier tour, nous avons fait le tour du « V » qui sépare les deux collines ici à Tokai, ce qui nous a pris environ en peu plus d'une minute. Puis ce fut le tour de l'autre groupe. Une fois qu'ils ont terminé, nous nous sommes de nouveau alignés et nous sommes partis. Cette fois cependant, je savais où j'allais, donc j'ai fini par être le 2e de cette manche, à égalité avec Takaichi, le meilleur combattant parmi les 66 kg de Tokai. Le tour suivant après cela, j’ai terminé le premier, mais ce qui m'a vraiment frappé, c'est que lorsque notre groupe a décollé, j'ai dépassé tout le monde, et à ma grande surprise, certains d'entre eux m'ont encouragé. Évidemment, je pense que certains d'entre eux plaisantaient, mais cela me faisait du bien et m'a aidé à dépasser mes limites!

 

Après avoir fait suffisamment de tours, nous avons remonté la colline, nous nous sommes alignés, avons salué et la pratique était terminée. Moi et quelques autres coéquipiers sommes restés pour discuter et travailler un peu plus. Masaya est venu vers moi et nous avons grimpés jusqu’en haut de la colline chacun à notre tour en portant l’autre sur le dos. Nous avons fait nos adieux et je suis rentré chez moi.

 

Le lendemain, hier (mercredi), pendant l'entraînement nocturne, je suis retourné dans la partie souterraine du dojo avec les autres judokas blessés. J'avais initialement prévu de faire des uchikomis à la corde, mais au moment où je terminais ma quatrième série, ils ont sorti les grosses cordes blanches qu'ils utilisent pour travailler leurs bras. Depuis mon arrivée, j’ai toujours voulu essayer de faire ça, mais j’étais soit trop timide pour demander, ou j’avais peur d’échouer devant tout le monde. Ils avaient installé les cordes juste derrière moi, m'empêchant ainsi de pouvoir continuer mes exercices. Le premier judoka à s’exécuter sur les cordes était Hayato Watanabe. Je l'avais vu combattre à Osaka ainsi qu'à Tokyo, et il est sans aucun doute l'un des combattants les plus forts de Tokai. Pendant les pauses à l'entraînement, il s'était parfois approché de moi et m'avait posé quelques questions anodines. Même s'il semble être un dur à cuire, il sourit généralement en me parlant, ce qui me soulage. Mais cette fois, après l'avoir vu jouer le premier jeu de cordes, je lui ai demandé si je pouvais l'essayer. Il a dit qu'une fois qu'il aurait terminé ses trois séries, je pourrais certainement essayer. Deux séries plus tard, c'était maintenant mon tour. Je n'avais peur de rien, juste de ne pas pouvoir finir. Mais bientôt Takahashi, qui était le chronométreur, a crié : « Hajime » et j’ai donc commencé.

 

C’était certainement difficile, mais Hayato est resté durant la première série pour m'encourager et me pousser à aller plus vite. Cela m'a vraiment surpris. Il m'a ensuite demandé si je voulais faire deux autres séries, et même si mes bras étaient morts, j'ai accepté. J'ai remercié Takahashi d'avoir pris le temps de me chronométrer. Toutes les 20 secondes, nous changions le type d'exercices avec les cordes et il criait 5, 4, 3, 2, 1... CHANGE (en japonais bien sûr) avant chaque exercice.

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Mes judogis en train de sécher après la pratique.

Mais encore une fois, j'ai été pris au dépourvu. Même si Takahashi était juste là pour me chronométrer, il me poussait aussi plus fort quand je commençais à ralentir. Et il n'était pas le seul. Lorsque les autres judokas passaient à côté de moi, certains d'entre eux m’encourageaient en disant : « plus vite, plus vite» en anglais.

 

Après avoir terminé ma troisième série, je n'ai pas pu m'empêcher de rire du fait que je ne pouvais plus bouger mon cou, car je n'avais pas utilisé ces muscles-là depuis un moment. J'ai fait quelques autres exercices, au cours desquels j'ai discuté avec Matthew Baker, un autre métis japonais qui fait partie de l'équipe de Tokai, et Yuri Nishikawa, une fille qui s'est entraînée avec ma sœur il y a trois ans et qui est maintenant devenue mon amie!

 

Toutes ces expériences me donnent un léger sentiment d'appartenance, ce qui je crois est très important chez les équipes sportives universitaires ici au Japon. J'ai encore du chemin à parcourir (comme devenir ami avec un peu plus de 100 judokas haha), mais ce genre d'expérience m'aide juste à persévérer et me donne un petit regain de motivation.

 

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