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La paroisse

Il y a déjà quelque temps que je me suis retiré de la participation quasi obligatoire à la religion catholique. Comme pour mes parents et leurs parents, la religion catholique aurait dû faire confiance à l’évolution de la personne au lieu d’imposer des règlements sous peine de punition, sans considérer le développement des fidèles. Ce qui est pire encore, c’est quand tu apprends qu’on a toujours tenté de cacher la situation réelle de certains membres pédophiles du clergé en les renommant tout simplement dans une autre paroisse où tout recommençait, ou plutôt continuait. Le problème était loin d’être résolu.

Aujourd’hui, l’Église se retrouve avec des membres qui ont encore la foi et de la difficulté à pratiquer les enseignements de ces hommes d’Église. Ça, ça ne veut pas dire que nous n’avons plus la foi. Les églises vides ne signifient pas non plus la fin d’une institution.

Je vais maintenant vous parler de la paroisse du Très-Saint-Sacrement à Élie et tout ce qui s’y rattache : le couvent et toutes ses implications, ainsi que l’école. En plus de jouer un grand rôle dans notre vie à l’époque, ces institutions nous ont influencés pour le reste de nos jours.

Il y avait plusieurs fêtes annuelles dont certaines étaient accompagnées d’une messe : le jour de l’An, l’Épiphanie, le mercredi des Cendres, la Saint-Valentin, la Saint-Patrice, le carême, L’Annonciation, le dimanche des Rameaux, la Semaine sainte, la fête des Mères, la fête de la Reine Victoria, la fête des Pères, la fête du Canada, l’Assomption de Marie, la fête du Travail, le jour de l’Action de grâce, l’Halloween, le jour du Souvenir, l’Immaculée Conception, Noël, le lendemain de Noël (Boxing Day).

Le jour de l’An était toujours bienvenu, car nous venions de passer de belles fêtes religieuses. On pouvait commencer la nouvelle année avec de nouvelles promesses, de meilleures intentions et des rituels pas toujours catholiques. Il fallait tous aller à la messe au jour de l’An, tous communier pour ensuite se rendre à la maison pour le grand repas. Des fois, c’était une occasion pour inviter la parenté ou simplement des amis. Il n’y avait rien de rigide. Après le repas, la coutume voulait que des regroupements se forment entre connaissances et voisins et on faisait la guignolée! C’est-à-dire, on se déplaçait d’un endroit à l’autre, d’une maison à l’autre, et on se souhaitait la bonne année tout en embrassant les filles et en donnant la main à nos compagnons. L’homme de la maison nous donnait par la suite un verre de boisson. Ceux qui n’étaient pas habitués à la boisson n’allaient pas loin! Les premières années, on attelait les chevaux à un traîneau avec boîte à foin et ainsi on pouvait aller plus loin pour finir dans un endroit approprié. Arrivés chez des amis, si les parents n’étaient pas là, deux ou trois entraient dans le poulailler, attrapaient deux ou trois poules et en dedans d’une heure et demie, on avait un bon bouillon de poule préparé par nos blondes qui essayaient de nous dégriser. La moitié était malade et l’autre moitié tombait endormie (moi, j’étais un de ces derniers). Le lendemain, les choses redevenaient normales et on reprenait nos activités régulières.

À l’époque, nous étions frappés par de sérieuses tempêtes souvent avant Noël, mais certainement en janvier et en février, et ensuite les apparences du printemps nous donnaient espoir que c’était fini. Mais une tempête de trois jours au mois de mars nous immobilisait soudainement. Ces tempêtes venaient des États-Unis et de l’ouest des Grands Lacs. On remarque qu’aujourd’hui, elles longent plus loin aux États-Unis et remontent au Canada en passant au sud des Grands Lacs et remontent en Ontario et au Québec; un dégât après l’autre dans le Maine qui finit ensuite dans les Maritimes.

Après le mercredi des Cendres et les cérémonies religieuses, on commençait le carême avec toutes ses exigences. La messe quotidienne de bonne heure le matin célébrée à la chapelle du couvent parce que ça exemptait de chauffer l’église. Les sœurs cloîtrées de Notre-Dame-des-Missions étaient derrière les grilles et nous dans les quelques bancs réservés au public dans le chœur. Dans mon cas, ma place était réservée par le fait même que j’étais servant de messe. En tout, j’ai servi durant dix à douze années, souvent deux messes par matin avant de retourner à la maison, faire le train, me laver et revenir pour mes cours à l’école. Le carême était long et pénible, à cet âge-là. 

D’après nos parents, l’Église nous enseignait qu’il fallait se mortifier et faire des sacrifices, même au-delà de nos forces. Il y avait des permissions spéciales, mais il fallait être dans les bonnes grâces du curé pour s’en sauver. Prenons un exemple connu, arrivée dans le confessionnal, disons une maîtresse d’école qui pouvait s’exprimer facilement, demandait une permission spéciale parce qu’il fallait qu’elle affronte sa classe d’élèves et avait besoin de toute son énergie, et le curé lui donnait une exemption. Une autre, la femme d’un cultivateur qui devait se lever encore plus de bonne heure pour traire une quinzaine de vaches avant de déjeuner, mais qui avait de la difficulté à s’exprimer pour argumenter sa requête, était souvent sermonnée qu’elle devait doubler ses efforts pour maintenir un jeûne et offrir ses souffrances à Notre-Seigneur Jésus Christ qui est mort sur la croix, etc. : deux poids, deux mesures. 

Les vendredis, nous ne mangions pas de viande et durant le carême très peu. Mon père et Marcel travaillaient dans le Nord et ils pouvaient manger de la viande en tout temps, servie souvent par des religieuses. On nous disait que c’était à cause des rigueurs de l’hiver. Pourtant, il fait souvent plus beau à Whitehorse qu’au Manitoba. 

(suite au prochain numéro)

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