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Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.

27 octobre 2011

 

Veuillez être patient

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Fidèles lecteurs, je sais que je ne donne plus de mes nouvelles aussi régulièrement qu’au début. Pour me justifier, j’avoue qu’après les cours, le judo et les études, il me reste très peu de temps. Ma vie est occupée! Et lorsque j’ai un peu de temps libre, j’essaie de rattraper un déficit de sommeil et de prendre de l’avance sur le prochain chapitre de mon

manuel de japonais. En outre, les choses commencent à être plus routinières et je ne ressens plus autant qu’avant le besoin de faire des mises à jour. C’est incroyable à quelle vitesse on s’adapte à un nouvel environnement ou à un nouveau style de vie.

 

* * *

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Yasuhiro Yamashita (tiré de sa page Facebook)

J’ai vu Yasuhiro Yamashita hier. Pour ceux dont le nom ne signifie rien, c’est probablement le nom le plus connu de l’histoire du judo, à part celui de Jigoro Kano (le fondateur du judo). Il a remporté la médaille d’or aux Olympiques de Los Angeles en 1984 ainsi que de nombreuses autres médailles d’or aux championnats mondiaux. Il a aussi remporté tous ses matchs pendant près de 8 ans, avec 203 victoires consécutives.

 

C’est encore un homme imposant, mais il a l’air d’avoir 30 ans et même moins! (Selon Wikipédia, il a 54 ans maintenant.) Je crois que c’est surtout dû à ses traits faciaux qui lui donnent l’air beaucoup plus jeune qu’il ne l’est réellement. En tout cas, c’est incroyable de se trouver dans la même pièce que lui et d’avoir enfin la chance de le voir en personne après avoir vu son visage si souvent dans des clips vidéo sur Internet.

 

Quelques faits intéressants supplémentaires sur le judo à l’Université Tokai :

 

  • Il y a des journées spéciales pour le port des gis bleus. Si vous agrippez de la main gauche, vous avez le droit de porter un judogi bleu les mardis et les jeudis. Si vous êtes droitier, vous pouvez porter un gi bleu les lundis et les vendredis. Ils sont très conscients des postures de prise ici et les différentes couleurs de gi servent à aider les combattants à choisir leur adversaire selon leur style de prise.

 

  • Elles n’arrêtent pas… même si vous êtes près d’être à terre ou appuyée sur le mur, elles n’arrêteront presque jamais de vous lancer jusqu’à ce que quelqu’un se retrouve sur le matelas.

 

  • Il y a une nette séparation entre les athlètes masculins et féminins. Au Canada, je suis habituée à m’entraîner avec des garçons et nous suivons le même régime d’entraînement. Mais ici, les deux équipes ont leur propre horaire d’entraînement. Quelques garçons viennent parfois en bas à la pratique des filles, pour servir de partenaire aux filles plus corpulentes ou plus expérimentées, mais c’est tout.

 

  • Il y a une hiérarchie bien définie dans le club de judo, représentée par les notions de senpai et kōhai[1]. Si vous êtes une étudiante universitaire de première année, vous êtes au bas de la chaîne. Si quelque chose doit être fait, ce sont les étudiantes de première année qui en sont responsables. Avant la pratique, elles doivent balayer les matelas, aller chercher la glace, distribuer les ceintures, etc. Et elles doivent toujours être très respectueuses envers les filles plus âgées. C’est un nouveau concept pour moi. À l’Université du Manitoba, on s’attend à ce que les athlètes plus jeunes démontrent du respect pour les plus vieux et les combattants plus expérimentés, mais c’est tout. Pas besoin de saluer ou d’utiliser un langage plus poli. Mais au Japon, c’est très important, et pas seulement au sein des clubs de sport. Dans toute situation, si quelqu’un vous est « supérieur » (en âge ou en grade au sein d’une compagnie par exemple), vous devez utiliser un vocabulaire plus poli et faire extrêmement attention à ne pas être irrespectueux en aucune façon.

 

 

À venir :

 

  • Demain (vendredi), je prends l’autobus de nuit pour aller à Amagasaki avec les autres filles du club de judo. Il y a une importante compétition d’équipes à laquelle les équipes masculines et féminines participent. Je vais demeurer avec la famille d’une des athlètes. On me dit aussi que j’aurai la chance de visiter un onsen, un bain thermal. Ils sont très populaires ici et j’en ai beaucoup entendu parler, alors je suis curieuse de voir de quoi ils ont l’air.

 

  • Il y a un festival étudiant la semaine prochaine, ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’école pendant toute une semaine!!! Le judo n’arrête pas, bien sûr, mais avoir cette pause d’une semaine est quelque chose que j’attendais impatiemment depuis que j’en ai entendu parler. Apparemment, il est censé y avoir des petites tentes et des boutiques installées autour du campus où l’on vendra des petits souvenirs ou de la délicieuse nourriture.

 

30 octobre 2011

 

Compétition d’équipes à Amagasaki

 

En fin de semaine, je suis allée à Amagasaki avec les autres athlètes de judo. En autobus, ça prend environ cinq heures et demie. Les routes et les autoroutes du Japon ne sont pas droites comme celles des prairies canadiennes, et ça donne un trajet pas mal cahoteux. Je n’ai réussi à dormir qu’une couple d’heures au plus.

 

La compétition (samedi et dimanche) était une compétition d’équipes. C’était très intéressant pour moi parce qu’au Canada, à part la petite compétition d’équipes à laquelle j’ai participé lors des Jeux d’hiver du Canada en 2007, nous n’avons jamais de compétitions d’équipes. Les compétitions d’équipes requièrent un peu plus de stratégie. Par exemple, vous avez deux athlètes par catégorie de poids. En fonction de l’adversaire de l’équipe adverse, vous pouvez choisir quel athlète, selon vous, possède la meilleure chance de gagner. Et dans une compétition d’équipes, on a le droit d’avoir un match nul. Normalement, un match ne peut se terminer que par la déclaration d’un gagnant. Mais en compétition d’équipes, hikiwake (un match nul) signifie seulement qu’aucun point n’a été accordé à l'une ou l'autre des équipes. Et l’atmosphère devient parfois assez enflammée, parce qu’il arrive que les deux équipes aient le même nombre de gains et la pression est mise entièrement sur le dernier combattant de l’équipe.

 

Quelle a été la performance de Tokai? L’équipe féminine s’est rendue au 3 ͤ  tour, manquant les finales de justesse. Elle a battu deux universités, mais a fini par perdre devant la même équipe qui l’avait battue l’an dernier, ce qui l’a placée au 3 ͤ  rang. L’équipe masculine a remporté la 1ʳ ͤ  place, battant ainsi quatre universités. Ils ont été spectaculaires. Je dois admettre que les hommes sont beaucoup plus intéressants à regarder. Leurs lancers sont plus puissants et, au contraire des combats des femmes, les leurs finissent presque toujours par un lancer parfait. Les femmes ont tendance à étirer les combats et à gagner avec des points. Et les hommes prennent généralement de plus gros risques durant un combat, ce qui les rend plus excitants à voir.

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Le réchauffement des athlètes

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L’alignement des équipes : ils ressemblent un peu à des rangées de dominos. 

Quelques photos des filles de l’équipe de judo (toutes arborant le « V » à la japonaise) :

 

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Yuki et Kimiko

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Miyu et Yutaka

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Eri (gauche) et Ayaka

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Les équipes féminines se faisant face

Si un jour vous voulez voir à quoi ressemblent des oreilles en chou-fleur, venez à un tournoi de judo au Japon, où l’on y trouve les plus belles. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette déformation, voici une photo. Il s’agit d’un cas bénin d’oreille en chou-fleur. (Source : judopourtous.com)

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Ici, les femmes et les hommes ont cette déformation. J’en ai vu quelques-unes au Canada, mais certainement pas autant qu’au Japon. C’est donc assez facile d’identifier qui fait du judo, ou qui en a fait dans sa jeunesse.

 

Après le tournoi de samedi, je suis allée chez Kimiko pour y passer la nuit. Avant d’arriver à sa maison, nous avons pris le train jusqu’à la station Motomachi, une des stations les plus populaires à Kobe, m’a-t-on dit. Nous nous sommes promenées dans la station. Il y a beaucoup de petites boutiques et de restaurants. On peut passer la journée là, juste à passer d’une boutique à l’autre en goûtant des mets ici et là. Nous avons aussi visité le quartier chinois.

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Kimiko, Eri et moi

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Après ça, nous sommes allées dans un onsen avec la famille de Kimiko. Un onsen est un bain public. Ils sont très populaires au Japon et tous les Japonais en ont visité un au moins une fois dans leur vie. On doit retirer tous nos vêtements, puis prendre une douche et se laver. Seulement ensuite, peut-on entrer dans le bain, qui est en fait une sorte de jacuzzi. Je peux donc maintenant dire que je suis allée dans un onsen. Et je suis certaine que j’irai encore plusieurs fois durant mon séjour. C’est fabuleux pour relaxer les muscles tendus et soulager les parties du corps endolories.

 

Plus tard, nous sommes allées à la maison de l’une de leurs amies où nous avons partagé un repas à l’extérieur. Un peu comme un barbecue, sauf qu’au lieu des galettes de hamburger et des hot-dogs, nous avons eu des nouilles de soba et de la viande grillée.

 

Le lendemain, après le tournoi, nous sommes revenues à la maison en  autobus. Nous sommes arrivées à minuit. Les barrières nord fermant à 23 h, nous avons donc dû faire le tour en vélo jusqu’à la barrière sud pour pouvoir entrer dans le campus. Et, comme les portes du dortoir ferment aussi à 23 h, j’ai dû ouvrir la fenêtre de la cuisine, lancer mes sacs à l’intérieur et sauter moi aussi après (un truc bien connu ici). Je me sentais comme une cambrioleuse, hi hi. En tout cas, le plus important est que j’ai pu entrer. J’avais peur de ne pas pouvoir le faire et de devoir passer la nuit dehors.

 

Maintenant, j’ai congé de l’école pour le reste de la semaine. Et le judo ne recommence que jeudi soir. Alors je peux me reposer un peu…, mais pas vraiment. Aujourd’hui, je dois aller récupérer une boîte de vêtements et de livres envoyée par ma mère peu après mon départ du Canada. Elle vient enfin d’arriver au Japon chez ma famille d’accueil et je vais la recevoir aujourd’hui. Je vais prendre le train seule pour la première fois, alors souhaitez-moi bonne chance!

 

Quelques vieilles photos

 

Voici quelques vieilles photos que j’ai pensé vous montrer :

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Si vous regardez de près, vous pouvez apercevoir le mont Fuji.

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En route vers les bureaux de la ville. À partir de la gauche : Naushad, Mari et Zara

Naushad vient du Sri Lanka et vit au Japon depuis maintenant quatre ans, je crois. Il nous a accompagnées aux bureaux de la ville pour nous aider à récupérer nos certificats d'inscription au registre des étrangers. Je suis chanceuse d’avoir rencontré des gens comme lui disposés à aider les étrangers. Parce que, comme je l’ai déjà dit, nous sommes pas mal laissés à nous-mêmes pour figurer les choses ici. Des gens comme Naushad me donnent aussi l’espoir que je pourrai parler couramment très bientôt. À son arrivée au Japon, il ne savait dire que merci et allo en japonais. Mais il dit qu’après quatre mois, il se sentait déjà à l’aise de parler japonais. Cela me rassure que bientôt je comprendrai la plupart des choses qui me seront dites. Et je ne serai pas si fatiguée à la fin de la journée. Parce que chaque fois que j’ouvre la bouche pour dire quelque chose, mon cerveau travaille à pleine vitesse pour m’aider à communiquer ce que j’essaie de dire.

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Un délicieux curry que j’ai fait (et que je vais refaire bientôt).

[1] Dans la culture japonaise, le senpai est l'élève avancé et le kōhai est le jeune élève. Le senpai a un rôle de tuteur auprès du kōhai et de relais de l'enseignement du sensei, le professeur; en retour, le kōhai doit le respect au senpai. Deux élèves de même ancienneté, quant à eux, sont mutuellement dōhai. Source : Wikipédia

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