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Laurette Lacroix a fait ses études après l'application de la Loi sur les écoles du Manitoba qui abolissait le français comme langue officielle, et après que l’enseignement public en toute autre langue que l’anglais y soit interdit. Malgré tous ces efforts d’assimilation des francophones, Laurette réussit non seulement à conserver son français, mais à coucher sur papier des anecdotes sur sa vie à la ferme lorsqu’elle était jeune fille et jeune mère. C’est à titre posthume que nous publions ses écrits.

Le fameux escalier​

Durant mon enfance, à l’âge d’environ 9 ans, je me souviens avoir envié les familles dont la maison possédait deux escaliers. Chez-nous, il n’y en avait qu’un, toujours très propre, car maman n’aimait pas qu’on y circule avec nos chaussures.

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Les enfants jouaient toujours là, assis sur les marches avec leurs jouets. C’était mieux que sur le vieux plancher, et les tables étaient souvent soit utilisées par les plus grands ou par maman qui y cousait ou préparait les repas.

Ma marche favorite était la troisième, car là je pouvais voir dehors. J’avais mes livres pour colorer et mon minou sur les

genoux. L’hiver, il léchait un petit rond dans la vitre de la fenêtre pour voir dehors. Il s’y trouvait toujours des oiseaux mangeant les miettes qu’on leur jetait. Le minou aurait bien voulu sortir par son petit rond de vitre claire. La seule chose qu’il pouvait faire était de pousser ses griffes dans la manche de mon chandail.

 

S’il arrivait de la visite avec des enfants, souvent eux aussi choisis-saient chacun une marche pour y faire des dessins. Les parents, eux, avaient besoin des tables pour jouer aux cartes, et prendre un verre de vin ou une tasse de café.

À l’heure du dîner, les parents faisaient toujours de la place à la table.

Parfois, les familles étaient si nombreuses qu’on aurait eu besoin de trois escaliers. L’été, tout était plus facile, car nous avions une grande véranda et une grande cour. C’était facile de s’amuser. On jouait à la cachette, à la balle… et le soir, on courrait dans les champs pour attraper des mouches à feu. Il fallait faire attention de ne pas s’enfarger sur les vaches couchées dans la noirceur. Après une heure, on avait plusieurs mouches. On s’asseyait sur la clôture du porche, et, les garçons surtout, prenait la partie arrière de la mouche et pour quelques secondes pouvaient écrire avec un petit morceau de bois, avec la lumière. Aujourd’hui, on dirait que l’on torturait ces pauvres lucioles. 
 

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