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Tout ça à cause d'un castor
Ah! Si mon moineChoeur Les Rhapsodes
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Tout ça à cause d’un castor!

On connaît les cowboys grâce au cinéma, grâce à John Wayne, mais on connaît très peu les voyageurs. Ils sont tous originaires de la vallée du Saint-Laurent, au Québec. À l’époque, on vouait au voyageur respect et admiration. Le voyageur est une figure pittoresque de l'histoire du continent nord-américain et de notre histoire. Malheureusement, il n’a pas encore été montré à l’écran. Le sort réservé aux cowboys a été meilleur.

Tout a commencé avec l’arrivée de Champlain.

Ce sont les premiers contacts permanents. C’est un choc culturel, autant pour les Français que pour les Autochtones. Les Autochtones sont intéressés par ce qu’ils voient chez les Français : chaudrons, couvertures, fusils, couteaux, haches, etc.

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Radisson rencontre  des Autochtones à un camp d’hiver du Nord.

Source : Bibliothèque et Archives Canada

Les Français, eux, voient les fourrures. En Europe, la mode est aux chapeaux de castor, pelisses, foulards et autres. À cette époque, la demande en fourrures est très importante et il n’y a plus de castors en Europe. Les Autochtones comprennent vite que les fourrures leur procureront les objets convoités et même plus.

On décide de part et d’autre de troquer, de commercer.

Les Français réalisent rapidement qu’il faut aller chercher les fourrures en pays autochtone, dans les pays d’en haut. C’est le début des coureurs de bois. Le premier chaînon avant les voyageurs. Ils vont dans les camps autochtones, apprennent les langues, adoptent les habitudes, les traditions, les coutumes. Ils apprennent à manier le canot, à le construire, marient les femmes autochtones à la mode du pays. Ils font partie de la famille, ce qui leur permet de circuler librement sur le continent. Dès 1670, les Canadiens circulent sans l’aide des Autochtones.

Mais, ce n’est pas toujours bien vu dans la colonie. Beaucoup de jeunes gens partent. Les autorités décident d’instaurer un système de congé. Il faut une permission, mais on accorde un nombre limité de congés pour ne pas dépeupler la colonie. Plusieurs décident de partir quand même dont Radisson et des Groseilliers. Mais, grâce à cette désobéissance, on leur doit la fondation de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

C’est comme ça que la fourrure est devenue la principale richesse durant cette période. 

Le gouverneur, pour remédier à cette situation d’illégalité, octroie des permis de traite à des compagnies qui, à leur tour, engagent des coureurs de bois en leur faisant signer un contrat. On appelle ces engagés des « voyageurs ». C’est le descendant du coureur de bois. Le coureur de bois travaille à son compte et le voyageur est un coureur de bois engagé par une compagnie. On les engage parce qu’ils connaissent le territoire et les langues. Ils sont habiles à manier le canot d’écorce et adaptés à la vie dans les bois. 

Vers 1682, le terme « voyageur » apparaît et désigne une vraie profession. C’est un engagé. Pendant 150 ans, on est fils de voyageur, tout comme on est fils de marin, fils de soldat, etc. On en fait son métier. Au début, c’est un terme péjoratif : on abandonne sa famille, on veut payer sa terre, on part à l’aventure, vers l’inconnu (vagabond), on veut s’enrichir. Les voyageurs jouissent d’un avantage stratégique sur les commerçants anglais qui eux ne vont pas au-devant des Autochtones. Les Anglais craignent le territoire. Le voyageur fait partie de la légende, de l’épopée. C’est un objet de mémoire. Pourtant, il a un côté sombre… il ne peut se raconter, car il est illettré.

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On part de Lachine pour aller dans les pays d’en haut, les Grands Lacs, au Mississippi.

Source : Bibliothèque et Archives Canada

Le voyageur est indispensable aux compagnies qui n’auraient pas pu commercer de manière aussi efficace. Il fallait quelqu’un pour les amener, les conduire dans ces nouveaux territoires. Quant aux explorateurs, pensons à La Vérendrye qui n’aurait pas pu se rendre jusqu’aux montagnes Rocheuses, ni les missionnaires dans leur mission d’évangélisation, sans l’appui indispensable des voyageurs.

Leur travail, c’était de ramer, de portager, d’apporter des marchandises chez les Autochtones et de rapporter des fourrures. On utilise de grands canots d’écorce de 36 pieds de long. On rame de l’aube jusqu’au crépuscule. Sur les grands plans d’eau comme le lac Supérieur, on donne 50 coups de rame à la minute. Pensez-y, 50 coups de rame! Donc, chanter devient nécessaire pour accorder la cadence des avirons. C’est un peu comme dans un chœur, pour accorder les voix et garder le rythme on a le directeur musical. Pour les voyageurs, c’était la même chose.

Chanter devient un outil de travail. D’ailleurs, un bon chanteur était mieux payé.


Ils chantent dès le départ de Lachine, puis, partout où ils passent. On voit une fumée, un hameau, on se met à chanter, les gens sortent de leur maison, s’approchent de l’eau pour les saluer et chanter avec eux. Pour saluer une brigade rencontrée sur l’eau. Pour passer le temps. Pour démontrer une solidarité. Pour exprimer la joie, la tristesse devant la mort, la noyade, un accident. Pour meubler sa solitude. On compare les chansons des voyageurs à la musique « soul » des Noirs américains. Et la comparaison s’arrête là.

Tout le monde chante avec eux, même les passagers. Ça devient une marque de commerce. Quand on pense voyageur, on entend des chansons. Tous ceux qui les ont accompagnés ont admiré le chant des voyageurs, rythmant si bien la cadence des avirons. 

Ils ont marqué leur époque à cause des chansons. On les imite, on les célèbre dans les soirées mondaines, les repas de famille, au Beaver Club.

Les voyageurs ont été le moteur de la traite des fourrures, mais c’est grâce aux Autochtones si la traite des fourrures a été un succès.

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La femme-voyageur
Auprès de ma blondeChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 02:34

La femme-voyageur

Vers 1800, la traite des fourrures bat son plein à la baie d’Hudson. On a l’image d’explora-teurs bravant des territoires inconnus et hostiles. C’est un monde d’hommes. D’ailleurs, c’est en 1806 que la première femme européenne à venir à la baie d’Hudson arrive. C’est Marie-Anne Lagimodière née Gaboury, la grand-mère de Louis Riel.


À peu près en même temps arrive en 1806, à la baie James, Isabel Gunn alias John Fubbister. Elle veut venir en Amérique et se déguise… en voyageur!


Donc, un certain John Fubbister, ou si vous préférez Isabel Gunn, se fait engager à Londres par la Compagnie de la Baie d’Hudson pour venir travailler à la baie d’Hudson.

 

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L’incursion d’Isabel Gunn dans l’histoire du Nord-Ouest est aussi brève que spectaculaire. À l’été de 1806, cette fille des Orcades, désireuse apparemment de suivre un amoureux infidèle, troque ses jupes pour des pantalons et se déguise en garçon. Elle signe un contrat avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, comme travailleur, sous le nom de John Fubbister. Elle s’engage pour trois ans, au salaire annuel de 8 £. Arrivée à Moose Factory au sud de la baie James, côté Ontario, on l’amène, avec les autres travailleurs, à Fort Albany en amont de la baie James. Cependant, elle découvre que son amoureux est employé au poste d’Eastmain, de l’autre côté de la baie James, côté Québec, mais relevant de Fort Albany. Le journal de Fort Albany pour l’année 1806-1807 rapporte que Fubbister s’adonne activement aux tâches des employés de la compagnie, en particulier en aidant au transport des marchandises vers l’intérieur. Son identité, apparemment, reste secrète. Sauf qu’un certain John Scarth la connaissait depuis au moins un an. Ce dernier travaille pour la Compagnie de la Baie d’Hudson depuis longtemps, et est aussi un compagnon de traversée de Fubbister, à partir de Stromness dans les Orcades. 


En 1807, un an plus tard, elle accouche.


À l’automne de 1807, Fubbister fait partie d’un convoi de trappeurs qu’on envoie hiverner à Pembina au Dakota du Nord, sur la rivière Rouge. Là encore, elle travaille à tout faire, aussi bien que les autres hommes. La fin décembre arrive et on se prépare à célébrer la nouvelle année. La coutume veut que les hommes des postes rivaux passent ensemble le temps des fêtes. Comme les hommes de la Compagnie de la Baie d’Hudson sont sur leur départ pour rejoindre ceux de la compagnie du Nord-Ouest dans leur poste, Fubbister ne se sent pas bien et demande à Alexander Henry, responsable du poste, la permission de rester dans sa maison. À un moment donné, on va chercher Alexander Henry lui disant qu’un de ses employés ne se sent pas bien et qu’il se tord de douleur.


Henry arrive et trouve Fubbister allongé devant le foyer, se lamentant d’une horrible façon. Et Henry décrit ainsi la scène : « Il tend ses mains vers moi et d’un ton pitoyable sollicite mon aide, me demande d’avoir pitié d’un pauvre malheureux, abandonné et sans secours, et qui n’est pas du sexe que j’avais toutes les raisons de croire. Qu’au contraire elle était une malheureuse fille des Orcades, enceinte et en train d’accoucher; en disant cela, elle ouvre sa chemise et me fait voir une magnifique paire de seins, ronds et blancs. » Moins d’une heure après, le bébé naît; on se dépêche et on amène la mère et l’enfant dans une carriole pour les ramener au poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson. On soupçonne Scarth d’être le père.

 
Comment John Fubbister a-t-il pu si longtemps cacher son véritable sexe, cela demeure un mystère; mais, une fois la vérité connue, John devient Mary. Au printemps de 1808, on l’envoie à Fort Albany. L’année suivante, on l’emploie comme laveuse, un travail tradition-nellement réservé aux femmes dans lequel elle n’a pas fait merveille. Peut-être aussi a-t-elle été bonne d’enfants dans l’école établie par la compagnie au fort cette année-là. Son fils reçoit le baptême des mains de l’instituteur William Harper, en octobre. L’agent principal de Fort Albany, John Hodgson, semble s’être montré sympathique envers la jeune femme, vu sa situation; elle ne voulait pas retourner aux Orcades, mais la règle de conduite adoptée par la compagnie ne permet pas à une femme blanche de résider dans aucun de ses postes. Aussi, en septembre 1809, on relève Isabel Gunn de ses services envers les « gentilshommes » de la compagnie et on la renvoie chez elle avec son fils, à bord du navire annuel. Elle n’a jamais revu l’amoureux en question. Selon ce qu’on a su, elle a eu à endurer d’autres malheurs et a fini sa vie comme une vagabonde.


Référence : Sylvia M. Van Kirk, Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval.


Pour faire suite : Aurait-elle connu un meilleur sort si la compagnie avait accepté de modifier son règlement afin qu’elle puisse rester en Amérique? On peut supposer que oui, si on compare les mœurs libres de l’époque en Amérique avec les mœurs puritaines en Angleterre. Tout un fossé les séparait.
 
Note : Merci à Janet La France, généalogiste à la Société historique de Saint-Boniface, au Manitoba, qui m’a mis sur cette piste.

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Le soldat voyageur
Ah! Toi belle hirondelleChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 03:22

Une anecdote comique : le voyageur soldat

En Europe, les guerres napoléoniennes font rage et ça a une incidence ici en Amérique du Nord.

En 1812, les États-Unis déclarent la guerre aux Britanniques. N’allez pas croire que les États-Unis se soient rangés du côté de Napoléon. Les différends et les enjeux en Amérique n‘étaient pas les mêmes qu’en Europe. Par exemple, sur les mers, la marine marchande américaine se fait constamment harceler et attaquer par la Royal Navy qui impose un blocus de la côte est, ce qui affaiblit l’économie américaine.

 

Le 18 juin 1812, le président James Madison signe une déclaration de guerre à la Grande-Bretagne. Pour y faire suite, les autorités britanniques demandent à la Compagnie du Nord-Ouest de contribuer à l’effort de guerre. Cette dernière fournit trois bataillons. On veut protéger l’axe commercial entre les Grands Lacs et Montréal. En octobre 1812, le Corps des voyageurs canadiens est levé dans le Bas-Canada.

 

Pourquoi des voyageurs? Ce groupe très coloré, aux particularités propres, connaissait la route de Montréal aux postes de l’Ouest et pouvait ainsi assurer une ligne de défense contre une invasion américaine. Le Corps est composé d’intrépides voyageurs, des canoteurs expérimentés dont la plupart sont au service de la Compagnie du Nord-Ouest et sous le commandement de dirigeants de la compagnie comme William McGillivray. Ils connaissent le pays, les routes, le terrain, les gens et les langues. Et comme plusieurs sont mariés avec des autochtones, ils peuvent circuler librement partout.

 

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Les voyageurs refusent de se conformer à la vie militaire et sont loin de correspondre à l’image du soldat, mais ce sont des hommes robustes, habitués au grand air, qui connaissent à fond la géographie de la région. Ils ne veulent pas porter l’uniforme rouge de l’armée britannique sous prétexte qu’ils ne seraient pas à l’aise sur le terrain. On accepte que leur uniforme ressemble aux vêtements des voyageurs, avec le capot, la tuque rouge, les mocassins et les mitasses. De l’équipement régulier qu’on leur fournit, ils ne gardent que le fusil, le tomahawk et un couteau, et dès qu’ils le peuvent, se débarrassent ou vendent l’épée, la pique et même le pistolet.

 

Quant à la discipline, ils la vivent avec la même familiarité qu’ils ont avec les bourgeois, au grand désespoir des officiers militaires. Ils se présentent aux entraînements en retard, mal rasés, la pipe à la bouche et fumant continuellement. Ils paradent en désordre, saluent un officier en enlevant leur chapeau et s’ils le connaissent, s’informent de la santé de madame et des enfants. Ils sortent des rangs pour prier l’officier d’accélérer et de terminer l’exercice. Quel contraste avec la discipline militaire britannique!

C’était l’indiscipline des voyageurs face à la discipline de l’armée. 

L’indiscipline a prévalu!
 

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En terminant, ils ont apporté une contribution précieuse à cette guerre de 1812 : habiles sur l’eau, habitués aux régions sauvages, connaissant le territoire, leurs liens avec les populations autochtones et entraînés à ce type d’escarmouches qui caractérisait les guerres dans l’Ouest.

Basés à Lachine, dans le Bas-Canada, ils servent dans des postes militaires plus à l'ouest comme le Fort Mackinac. Huit voyageurs tombent en défendant le village de St-Régis (Akwesasne) contre une attaque de soldats américains. C’est aussi grâce à eux si les Britanniques ont pu engager le combat et prendre l’offensive comme durant l’attaque à Frenchtown sur la rivière Raisin, au Michigan. Le tout se solde par une victoire britannique. Dans les mois suivants, ils aident à ravitailler et à protéger les forts isolés du Nord-Ouest, principalement Michillimakinac.

Le Corps est démantelé en mars 1813.

 


Références :

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Les femmes au temps de la traite
Cest dans le mois de maiChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 02:32

Les femmes au temps de la traite des fourrures

Ce mois-ci, je vous suggère une lecture :

Many Tender Ties: Women in Fur-Trade Society, 1670-1870 Sylvia Van Kirk. Watson and Dwyer Publishing Company 1996, 276 pages. ISBN : 978-1-896239-51-4

On y parle des mariages « à la mode du pays » entre les femmes autochtones et les commerçants, les voyageurs et les coureurs de bois. Ces mariages ont créé une société unique dont les Métis sont issus. C’est un volet important du temps de la traite des fourrures. 

Many Tender Ties a pour but de montrer que les femmes indiennes qui ont marié des hommes blancs (voyageurs, coureurs de bois, commerçants), ainsi que les filles et petites-filles issues de ces unions, ont joué un rôle important au temps de la traite des fourrures. Ces mariages « à la mode du pays » ont créé des liens qui ont aidé à faire avancer la traite des fourrures, et suite à ces unions, une société unique a émergé de deux cultures : indienne et européenne. 

Tout allait pour le mieux jusqu’à l’arrivée de plus d’Européens et d’Européennes. On a alors assisté à une montée du racisme envers les peuples autochtones.

Le racisme envers les femmes autochtones et métisses n’a pas toujours existé. Il y a quand même eu des jours heureux! C’est quand on s’est mis à faire des comparaisons que des différences ont surgi. Il est devenu alors facile de faire ressortir des traits de supériorité ou d’infériorité.

Depuis les premiers contacts, nombreux ont été les mariages « à la mode du pays » entre femmes autochtones et hommes blancs. La descendance féminine qui en résulta a joué un rôle important pendant la période de la traite des fourrures aux 17e et 18e siècles au Canada. Ces mariages étaient vus par les Indiens comme souhaitables et comme un signe de bonne volonté. Ils ont donc été bénéfiques au succès de la traite des 

fourrures. Sans ces unions affectives, la vie des gens impliqués dans la traite des fourrures aurait été insupportable. 

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Résumé : Des unions affectives : les femmes au temps de la traite des fourrures, 1670-1870

À cette époque dans la société, ce sont les habiletés traditionnelles des femmes autochtones qui ont fait d’elles des partenaires d’affaires de premier plan. Les femmes ont joué un rôle économique et social très actif dans la marche de la traite des fourrures, que ce soit pour la nourriture, les vêtements, l’orientation dans les bois ou la santé. Elles étaient aussi des interprètes, des ambassadrices, elles donnaient des conseils pour éviter des confrontations. Elles fabriquaient les raquettes, les mocassins, faisaient le pemmican, le sirop d’érable, récoltaient le riz sauvage, les petits fruits. Elles savaient mettre des collets, trouver des racines et la résine pour construire le canot, coudre les pièces d’écorce, les voiles, ramer, diriger le canot. Elles cousaient les vêtements, les réparaient, montaient les tentes. Elles étaient des partenaires de canot, de tente. Les effectifs des compagnies de traite des fourrures dépendaient totalement des femmes autochtones.

L’information connue nous vient principalement des hommes qui ont vécu à cette époque et participé à la traite des fourrures : carnets personnels, lettres, archives des compagnies.

À l’époque, il n’y avait pas d’hommes d’Église. Les mariages se faisaient selon les usages dans les tribus : à la mode du pays. Pour certains hommes blancs, c’était pratique, mais pour une majorité d’entre eux, ces mariages ont duré toute leur vie et engendré une prolifique descendance. Les Blancs des premières générations de la traite des fourrures considéraient ces unions comme de vrais mariages et leurs femmes jouissaient d’un statut social respectable. Tout ça a changé avec l’arrivée de femmes blanches dans les années 1820 et 1830.

Lord Selkirk amène des colons blancs à la rivière Rouge où vit déjà une population métisse importante. Arriva ce qui devait arriver. Avec un grandissant bassin d’âmes à guider spirituellement ou à convertir, le clergé débarque d’Angleterre et condamne ces mariages. Les femmes deviennent des concubines et les enfants, illégitimes. Et l’arrivée de femmes blanches, entre autres les femmes des pasteurs, a été déterminante dans la montée du racisme envers les femmes indiennes et les femmes métisses. Plus tard, ministres, commerçants et commis amènent des femmes blanches dans les postes de traite. L’équilibre qui existait a commencé à s’effriter au profit d’une classe sociale de Blancs.

À mesure que les femmes blanches s’établissent au début du 19e siècle, les mariages « à la mode du pays » déclinent. La culture blanche devient la norme et le racisme, la réalité. 

Ces femmes blanches ont renforcé l’idée de leur supériorité auprès de la classe blanche, le racisme a commencé à prendre le dessus et il s’est intensifié. La condition des Indiennes et des femmes métisses s’est dégradée à cause de l’influence du clergé, des femmes blanches et de quelques hauts dirigeants de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les préjudices ont atteint un tel niveau qu’ils sont devenus un obstacle empêchant l’intégration raciale.

Toutefois, les femmes indiennes et métisses ont joué un rôle capital au début de l’histoire du Canada. En montrant leur contribution, l’auteure raconte et met en évidence la vie et la culture de ces femmes.

Les soi-disant sauvages, la plupart éduqués et instruits dans ce monde que la nature a pu leur donner, ont vécu une vie simple, décente, innocente et ils ont mieux rempli leur devoir de mère, de père, de fils, de fille, de frère et de sœur que beaucoup d’autres gens, qui élevés et instruits dans un monde civilisé, se disaient chrétiens.

 

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Sur les traces
Au pied du grand chêneChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 03:28

Sur les traces des voyageurs

Je n’avais jamais fait de canot sauf quelques balades sur la rivière Saint-Charles, à Québec, à l’adolescence. Ma première expédition en canot remonte en 1977 au Manitoba. Quatre gaillards déterminés à aller en aviron de la rivière Minago, juste au nord du lac Winnipeg, jusqu’à la rivière Hayes et ensuite, jusqu’à York Factory pour après remonter le fleuve Nelson jusqu’au barrage des rapides de Limestone alors en construction. Une route empruntée par Radisson et des Groseilliers, et plus tard par de nombreuses brigades de voyageurs qui s’affairaient à acheminer fourrures et marchandises, et dont les sentiers de portage sont aujourd’hui encore visibles. Même d’Iberville y est allé de faits d’armes. On peut d’ailleurs suivre ce trajet sur une carte de Réal Bérard, « The Middle Track & Hayes River Route », carte qui nous fait revivre l’épopée de la traite des fourrures, des explorateurs et des voyageurs.

Extrait de The Middle Track & Hayes River Route

 

 

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Toutes les marchandises qui passaient par York Factory étaient marquées au fer rouge avec ce YF. (dessin de Réal Bérard).

Huit cents kilomètres et quatre semaines de découvertes, d’aventures plus ou moins périlleuses et d’histoires passionnantes que je raconte encore aujourd’hui. Cette première expédition, le voyage de ma vie, a réveillé en moi une passion pour l’Histoire et le plein air, et a conduit à cet enthousiasme qui a fait que j’ai voulu en savoir plus sur cette époque du 18 ͤ siècle alors que les voyageurs traversaient lacs, rivières et portages, ne s’arrêtant que pour manger leur pemmican ou leur soupe « rubaboo ». Ils devaient aussi affronter des dangers tels que la famine, le froid et la mort. Ils ont eu le cran, la détermination de survivre et de parcourir des milliers de kilomètres dans de frêles embarcations d’écorce, en pays sauvage. C’était ça, la liberté, choisir son chemin, prendre des risques tout en tenant compte des exigences de la nature et de l’équipement rudimentaire qu’ils possédaient. Les impératifs du commerce des fourrures resserrèrent cette liberté par des horaires précis et des routes préétablies. Ils se levaient avant l’aurore, ramaient toute la journée, disposaient de quelques pauses et dormaient sous les canots. Les voyageurs ont traversé de grandes étendues nordiques sauvages parmi les plus belles du Monde. Ils ont admiré des paysages d’une grande beauté. Illettrés, ils nous ont laissé une riche tradition orale de chansons de canot transmise d’une génération à l’autre.

 

Interagir avec la beauté de nos contrées nordiques, voilà ce que j’ai fait pendant plus de quarante ans. Parcourir la nature, vivre selon son rythme, partager les mêmes horizons sauvages grandioses que les voyageurs ont arpentés. Pour moi, cela constituait le meilleur remède au stress de la vie trépidante d’aujourd’hui. Partir 10 à 15 jours en expédition m’a été bénéfique. Peu de temps après le départ en expédition, pas juste une sortie en canot, un vide se produit et tout le quotidien change pour s’adapter et refléter le moment présent. Et il n’y a que ça qui compte, le moment présent dans la nature. On oublie le boulot, le trafic, les tracas quotidiens, les horaires. Ce sont les besoins essentiels qui prennent le dessus et tout ça dans un environnement grandiose.

 

Vous avez l’esprit d’aventure, l’expédition en canot est pour vous. C’est un autre plaisir à découvrir et d’autres endroits à explorer. Avironner dix heures par jour pendant deux, trois ou même quatre semaines, nous sort d’un quotidien confortable. Tout d’abord, vous n’apportez que des choses utiles : un canot, un aviron, un couteau, une tente, un sac de couchage, une canne à pêche, de la nourriture, des « beans ». Le superflu de la vie reste à la maison. Obligé de composer avec la nature, il y a un effort physique à faire et l’on dépend de son canot. C’est la vie à la dure. Il y a bien sûr les joies d’un feu de camp, le chant des oiseaux, l’agréable sensation de respirer l’air frais du matin, les nuits étoilées et d’autres joies plus palpitantes comme descendre une rivière, sauter un rapide, avironner sur un lac, faire un portage exténuant. Tout ça apporte un calme qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Cette expérience de la nature, les voyageurs la ressentaient. C’était une vie dure, mais c’est toujours la liberté et cette sérénité que leur procurait la nature qui les ramenaient à ce métier de fou!!

 

Ce qui met à part une expédition de canot, c’est qu’inévitablement elle purifie plus rapidement l’âme et le corps que n’importe quoi d’autre. Pierre-Elliott Trudeau affirmait que voyager mille milles[1] en train nous abrutissait, que pédaler cinq cents milles en vélo et nous n’en étions pas moins bourgeois, mais qu’avironner cent milles en canot et déjà, nous étions des enfants de la nature. Pierre-Elliot Trudeau, Exhaustion and Fulfillment: The Ascetic in a Canoe, 1944.

 

Alors, essayons d’imaginer ce qu’a pu être la vie d’un voyageur fin 17e, début 18e siècle. J’ai donc écrit un livre, Les voyageurs d’Amérique, publié aux Éditions GID, dans lequel je vous présente quelques facettes de leur vie périlleuse, mais tout de même fabuleuse, et qui marque encore notre imaginaire. Mon souhait le plus cher serait que ce livre éveille l’intérêt du lecteur, l’incite à enrichir ses connaissances en lisant des ouvrages plus spécialisés et l’encourage à revoir ce passé avec plus de profondeur, pour redonner vie, rendre justice aux voyageurs quant à tout ce qu’ils ont accompli et ramener à notre imaginaire collectif cette page de l’histoire de l’Amérique française.

 

 

[1] Un mille équivaut à 1,6 kilomètre

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Les Autochtones
J'ai cueilli la belle roseChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 02:21

Les Autochtones

La contribution essentielle des Autochtones

On ne le soulignera jamais assez, mais c’est grâce aux Autochtones si la traite des fourrures a eu lieu. Les Autochtones ont été les premiers habitants du pays, ils avaient une vaste connaissance, savaient se soigner, s’alimenter, survivre. Ils ont enseigné aux Européens les techniques de survie, de chasse, de pêche, de construction, d’orientation. Les Autochtones ont donné aux Européens les mocassins, les raquettes, le canot d’écorce. Ils leur ont montré à chasser, à trapper et à récolter. Ils leur ont montré la médecine autochtone, ils les ont aidés à s’orienter, ont été des compagnons, des épouses… Ils fournissaient les fourrures. Dans les pays d’en Haut, ils procuraient la nourriture. Ils étaient des guides, leurs femmes servaient d’intermédiaires entre les tribus et les compagnies de traite. Ils ont appris et transmis ces habiletés et ces connaissances aux arrivants. Rien n’aurait pu se produire sans l’expertise, le savoir et les connaissances acquises et développées depuis leur arrivée sur le territoire. Le plus grand apport des Autochtones à la traite des fourrures a certainement été le canot, leur habileté à le manier, leurs connaissances des animaux à fourrures et du territoire. Ils ont été impliqués dans le commerce des fourrures depuis son début et en ont constitué une importante main-d’œuvre. Ils étaient des clients pour les marchandises offertes et des partenaires dans la traite des fourrures et la construction de canots.

 

Un apport important, la médecine. Les voyageurs avaient plus confiance à la médecine des Autochtones plutôt qu'à celle des Européens. Voici une description de chacune d'elle pour vous donner une idée :

  • Médecine des Blancs : purges, saignées, opium, arsenic, strychnine, mercure, acide prussique.

  • Médecine autochtone : herbes, infusions, transpiration, incantations, massages.

 

Les voyageurs se fiaient plus à la médecine traditionnelle des Autochtones qui cherchaient des remèdes dans le vrai monde, pas sur les tablettes.

 

Les voyageurs et les Autochtones

Les Canadiens ont toujours traité les Indiens avec respect et confiance. De la même manière, nombre de voyageurs qui se sont mariés à la mode du pays avec des femmes autochtones pouvaient circuler librement dans les camps autochtones. Ils faisaient partie de la famille. C’est en partie ce qui a assuré une suprématie aux traiteurs canadiens sur leurs vis-à-vis anglais. Cette rencontre des voyageurs avec des femmes autochtones a donné la nation métisse. Le plus célèbre des Métis : Louis Riel.

 

Les Autochtones ont été des guides, des enseignants pour l’homme blanc. Par exemple, on ne s’aventure pas sur le lac des Bois comme ça. Le lac des Bois qui est sur la frontière entre l’Ontario, le Manitoba et le Minnesota, a plus de littoral que le lac Supérieur[1] et l’on y compte plus de quatorze mille îles.[2] Pour traverser le lac des Bois, il aura fallu que quelqu’un leur montre la route à suivre, leur facilite le travail, quelqu’un qui, depuis des lunes, connaissait le pays comme le fond de sa poche. Depuis huit mille ans, les Autochtones l’habitaient.[3]

 

Le canot d’écorce, un héritage des Autochtones

Si les voyageurs ont été le moteur de la traite des fourrures et des découvertes, ils le doivent aux Autochtones de qui ils ont tout appris. C’est le canot d’écorce qui a fait le succès de la traite des fourrures.

 

En canot, tous reconnaissent la supériorité des voyageurs sur les hommes de canot, mais Alexander Mackenzie juge que les Autochtones leur sont supérieurs. Voici ce que Mackenzie en dit :

« À une heure de l’après-midi, nous sommes embarqués avec notre bagage dans deux canots, menés par sept Autochtones. Le courant était rapide et coulait à plus de six milles à l’heure. Nous sommes arrivés à un barrage où les Autochtones nous ont débarqués et ont sauté l’obstacle sans prendre une seule goutte d’eau. Nous avons rembarqué et avons continué notre voyage à bonne vitesse jusqu’au village. J’ai toujours pensé que les Canadiens qui m’accompagnaient étaient les meilleurs canoteurs au monde, mais ils sont nettement inférieurs aux Autochtones et ils le reconnaissent eux-mêmes quand ils manœuvrent ces embarcations. »[4]

John Jacob Astor préfère un voyageur à trois hommes de canot.

  • Un homme de canot, c’est quelqu’un qui maîtrise les techniques de canot. Il ne connaît pas le territoire.

  • Un voyageur est quelqu’un qui en plus d’être habile avec une rame, connaît le territoire, les gens, les langues.

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Source : BanC

Et les femmes autochtones?

On n’en parle pas beaucoup, mais elles ont laissé leur touche (féminine), leur empreinte dans l’histoire de l’Amérique, elles se sont mariées, sont devenues des mères, des guides, des interprètes, des diplomates, des intermédiaires. Elles ont été de précieuses alliées pour la survie. Elles ont noué des alliances entre Blancs et Autochtones. Prenons l’exemple de Sacagawea avec son bébé. Sacagawea, une Shoshone kidnappée à l’âge de 12 ans par les Hidatsas et ensuite mariée à Toussaint Charbonneau, qui se fait engager en tant qu’interprète par l’expédition de Lewis et Clark. Elle accompagne donc l’expédition. À 16 ans, elle guide et sert d’interprète pour l’expédition de Lewis et Clark. Cette présence féminine avec son bébé né quelques mois avant le départ assure l’aspect pacifique de l’expédition. En effet, une expédition guerrière n’aurait jamais voyagé avec une femme et son bébé.

 

Histoire de Sacagawea, la femme oiseau – ambassadrice, interprète. De la tribu des Shoshones, kidnappée à l’âge de 12 ans par les Hidatsas et emmenée dans un camp Hidatsa. Elle est reprise par Toussaint Charbonneau qui vivait chez les Hidatsas. À 16 ans, elle accompagne comme interprète l’expédition de Lewis et Clark qui devra passer en territoire Shoshones pour gagner les Rocheuses. Deux mois avant le départ de l’expédition (1804-1806), elle accouche d’un garçon, Jean-Baptiste Charbonneau (1805) qui deviendra l'enfant mascotte (ou porte-bonheur) de l'expédition. Tout le monde l’appelle Pomp.

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À Bismarck, Dakota du Nord

En arrivant dans le territoire de son enfance, elle reconnaît des paysages dont un rocher qui ressemble à une tête d’un castor en train de nager. Elle est toute excitée. Des Indiens viennent à leur rencontre et elle reconnaît alors son frère qui est maintenant le chef de la tribu. Elle se jette dans ses bras : le moment le plus émouvant de toute l’expédition selon Meriwether Lewis. Elle négocie donc des chevaux afin que l’expédition puisse traverser les montagnes Rocheuses pour atteindre le Pacifique.

 

En conclusion, les Autochtones ont joué un rôle capital au début de l’histoire du Canada et des États-Unis. Leur histoire est l’histoire du Canada, car ils jouent toujours un rôle important dans le développement et l’avenir du Canada. Ils ont laissé une empreinte que l’on retrouve encore partout en Amérique. Roy Dupuis, dans le documentaire, l’Empreinte, raconte le métissage culturel et l’héritage amérindien transmis aux Canadiens-français.

 

Juin est le mois national de l’histoire autochtone

 

[1] Barbara Huck, Exploring the Fur Trade Routes of North America, p. 149

[2] Lake of the Woods Museum, http://www.lakeofthewoodsmuseum.ca/museum/

[3] Lake of the Woods Museum, http://www.lakeofthewoodsmuseum.ca/museum/

[4] Alexander Mackenzie's voyage to the Pacific Ocean in 1793. The Lakeside Press, R. R. Donelly & Sons Co. Christmas, 1931. p. 279

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La vie à la rivière Rouge
Wenoyane YaninoChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 01:36

La vie d’un voyageur à la rivière Rouge

À la rivière Rouge, le climat est en général salubre et agréable. L’hiver est long et très froid, entre 10 et 30 degrés sous zéro. C’est plus sec qu’au nord-est et qu’à l’est des Grands Lacs. C’est la saison la plus animée. On en profite pour souligner et célébrer les mariages à la mode du pays, avec musique et danse pendant quelques jours.

 

L’hiver est la saison de repos pour les intrépides voyageurs après toutes les peines endurées en expédition. Autour d’un feu, ils racontent des histoires où les dangers les attendaient aux tournants des rivières; ils brossent des tableaux romantiques de cette nature sauvage, des longs et fastidieux voyages sur les lacs et les rapides des pays d’en haut. Alors que femmes et enfants retiennent leur souffle, leur attention est figée devant leurs visages basanés, illuminés par un récit animé, utilisant une voix grave, solennelle pour raconter la mort d’un compagnon qui périt dans les bouillons d’une cataracte de ces contrées sauvages.

 

Au printemps, c’est le retour du soleil qui réchauffe, c’est la neige qui fond, les fleurs qui sentent bon; les lacs calent, les rivières se remettent à couler, la glace est emportée par le courant; on range les capots de laine, on sort les tuques rouges; les voyageurs commencent à rêver de rapides, de chutes et de lointains voyages dans leur canot léger.

 

L’été venu, ils retournent avec leur brigade parcourir les rivières et les lacs pour transporter des marchandises à différents postes et rapporter les fourrures au dépôt du Fort William.

 

Le jour du départ, on charge les six ou sept canots de marchandises destinées à des postes plus au nord. Les voyageurs vêtus de leurs nouveaux habits embarquent après avoir serré la main et étreint leurs camarades, et ceux qui restaient derrière. Agrippant les avirons, ils poussent les canots, se mettent à ramer vigoureusement et descendent la rivière Rouge, chantant une de leurs plus belles chansons de canot, étant parfois interrompus par de grands cris d’adieu alors qu’ils passent devant des habitations d’amis.

 

 

La vie dans les postes de traite

 

La vie au fort suivait son cours et tournait autour d’activités saisonnières. Les voyageurs qui passent l’hiver dans les postes de traite deviennent pour un court temps, trappeurs, pêcheurs, menuisiers. Ils peuvent faire n’importe quoi, comme couper du bois pour le comptoir où ils sont postés, déblayer la neige des portes, réparer toutes sortes de bris et l’été, ils reviennent à leur occupation habituelle : transporter marchandises et fourrures entre leur poste et le dépôt le plus proche.

 

La présence d’un interprète est nécessaire au fort. C’est aussi un voyageur qui possède un statut plus élevé. C’est un travailleur intelligent qui a beaucoup d’expérience à son actif; ses quelques connaissances des Indiens sont très utiles quand vient le temps de commercer avec eux.

 

À cause de la rivalité entre les compagnies, chacune voulant obtenir l’exclusivité de la traite avec les Indiens, on passait beaucoup de temps à surveiller les allées et venues des rivaux. Chaque fort possédait sa tour de guet. On s’affairait beaucoup à nuire, souvent par l’intimidation et la force, aux activités de traite des concurrents.

 

De plus, les hommes allaient en dérouine pour être les premiers à contacter les Indiens et s’assurer ainsi de leur fidélité. Courir la dérouine veut dire que les hivernants se rendent dans les campements indiens pour traiter directement avec eux. D’un campement à l’autre, ils vont chercher les fourrures où elles sont et en profitent pour tisser des liens d’amitié et même de parenté avec les Autochtones. Ils passent l’hiver chez les Indiens à commercer, à faire des ententes, à prendre des arrangements pour que ces derniers apportent leurs fourrures aux postes de traite.

 

 

Des occasions pour célébrer

 

Les jours de fête, le bourgeois offrait une régale, alors il y avait beaucoup de prétextes pour festoyer : l’arrivée d’un visiteur, lors de fêtes comme la Toussaint, Noël, le jour de l’An, la messe le dimanche, autant de raisons pour fumer, raconter des histoires, faire de la musique, chanter et danser.

 

Lorsqu’un voyageur avait ramené une compagne indienne. Ils étaient tous les deux considérés comme étant mariés « à la mode du pays », sans formalité et donc comme légitimes. On sortait le violon et la fête commençait.

Noël arrive et on se prépare à célébrer la nouvelle année. La coutume veut que les hommes des postes rivaux passent ensemble le temps des Fêtes. Ça rit, ça chante, ça célèbre et ça danse.

 

Au jour de l’An, c’est les visites. On embrasse le bourgeois et les femmes… Une tradition des femmes voulait qu’elles embrassent tous les hommes sur la bouche, le jour de Noël. Elles commençaient avec le plus vieux et, à tour de rôle, s’approchaient d’eux pour perpétuer la coutume. Les hommes se pliaient volontiers à cette tradition et, bien sûr, il y avait toujours ces cas de bouches édentées qui en dégoûtaient plusieurs. Alors, les plus répugnés branlaient quelque peu la tête et les lèvres atterrissaient sur la joue. L’honneur était sauf.

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Source : Robert Michael Ballantyne, La Baie d’Hudson

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Le baptême
Une PerdrioleChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 05:44

Le baptême

Le baptême est une initiation réservée aux nouveaux venus et qui confère un statut plus élevé. Le baptême marquait une transition soit dans le niveau de difficulté, de rudesse du pays ou du territoire. Dans la société des voyageurs, c’est un rite de passage d'une classe sociale à une autre. Il marque aussi le changement de statut du voyageur, soit celui à qui on demande un effort facile comme le mangeur de lard, à celui à qui on demande un effort plus difficile tel l’homme du Nord ou encore celui à qui on demande un travail plus rude comme l’homme de l’Athabaska. Il marque aussi la transformation, l’acceptation sociale.

 

On baptise ceux qui ne sont pas encore passés, ceux qui mettent le pied pour la première fois dans un territoire, les blancs-becs. Les lignes de partage des eaux constituaient un excellent repère pour déterminer un changement de statut.

 

Il y avait trois endroits où avait lieu cette pratique. Ces trois endroits représentaient chacun un bassin hydrographique différent. On change de bassin, on change de statut. Donc une initiation pour chaque changement de statut. 

 

À la Pointe au Baptême sur la rivière des Outaouais, on devient mangeur de lard[1].

Tous les voyageurs remontant la rivière des Outaouais passaient nécessairement par un endroit appelé Pointe au Baptême sur le lac des Allumettes, à l’embouchure de la rivière Creuse (près de Chalk River). Là, les anciens baptisaient tous les nouveaux venus en les jetant à l’eau et le bourgeois offrait à tous une régale, c’est-à-dire une traite de vin ou de rhum. C’est surtout le passager, le commis ou le bourgeois qui doit se soumettre à cette tradition de faire plaisir à ses tortionnaires. La plupart des mangeurs de lard revenaient à Montréal et passaient l’hiver dans la douceur de leur foyer parmi leur famille et leurs amis. On le dédaigne, le méprise. Ceux qui continuaient devaient hiverner et donc passaient à l’étape suivante.

 

Près du lac à la Pluie (Fort Frances) après Grand Portage, on devient homme du Nord. On passe un premier hiver dans les pays d’en Haut.

 

Un deuxième site à l’ouest du lac Supérieur, peu après Grand Portage, à la ligne de partage des eaux entre le versant des Grands Lacs et celui du lac Winnipeg et de la baie d’Hudson. L’endroit s’appelle « portage Little Rock »[2]. Là, ceux qui se faisaient initier s’agenouillaient et un ancien voyageur les aspergeait d’eau à l’aide d’une branche de cèdre. Ils devenaient « homme du Nord » et pouvaient ensuite porter une plume à leur chapeau. Chaque initié doit promettre de faire subir le même traitement à tout nouveau qui passerait par là, et aussi de ne jamais embrasser la femme d’un voyageur sans le consentement de celle-ci. Et bien sûr, à cette pratique s’ajoutait le prétexte d’offrir une régale, c’est-à-dire un peu de rhum ou de vin aux tortionnaires. Même les bourgeois, les commerçants et les actionnaires devaient se soumettre à cette pratique, car cela prouvait qu’ils avaient hiverné en pays indien et pouvaient donc faire partie du très sélect Beaver Club de Montréal.

 

Au portage La Loche, on devient homme de l’Athabasca. L’homme de l’Athabasca, lui aussi hiverne, mais son territoire est encore plus au nord, dans la région de l’Athabasca. C’est le plus brave, le plus robuste, le plus endurant.

 

Le troisième site est situé au portage La Loche à l’Île-à-la-Crosse. Il est considéré comme le plus long (20,93 km) et le plus difficile à franchir. Lui aussi est situé sur une ligne de partage des eaux, soit le versant de la baie d’Hudson et celui de l’océan Arctique. On arrive du versant de la baie d’Hudson. On va chercher de l’eau dans un lac situé sur l’autre versant. Il n’y a qu’un court sentier qui relie les deux plans d’eau. On baptise le nouveau venu en l’aspergeant à l’aide d’un rameau de cèdre. Il devient homme de l’Athabaska et encore une fois, chacun reçoit une régale.

[1] Sur une pointe de sable, aujourd’hui propriété des Laboratoires de Chalk River, les voyageurs faisaient une halte pour initier les nouveaux venus qui devenaient « mangeurs de lard ».

 

[2] The Voyageurs, Howard Sivertson, p. 51

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L'éloge du voyageur
À la claire fontaineChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 03:17

L'éloge du voyageur

Le voyageur, un personnage d’importance qui a marqué son époque, son pays. On le célèbre, on l’admire, on le respecte. On veut l’imiter, chanter ses chansons. Il est un sujet de discussions animées.

1- Un vieux voyageur raconte à Alexander Ross, un commis de la Compagnie du Nord-Ouest, qu’il a vécu dans ce pays pendant quarante-deux ans à être canoteur, à pagayer, à chanter, à trimer dans les portages et à dormir peu. Le mauvais temps ne l’a jamais arrêté. Il a sauvé la vie de dix bourgeois. Il se vantait d’avoir eu les plus belles femmes et qu’elles avaient toujours été mieux habillées que n’importe quelle femme de bourgeois. Il avait toujours tout dépensé à faire la fête. Il lui confie que s’il était encore jeune, il referait le même métier, vivrait un autre cinquante ans à se passionner pour le même type de plaisir, qu’il n’y avait pas de vie plus heureuse, plus indépendante que celle d’un voyageur, aucun endroit au monde où un homme puisse connaître plus de diversité et de liberté que dans le pays indien[1]. « Hourra! Hourra! Pour le pays sauvage! »

 

2- Le Beaver Club, un club social mis en place par la compagnie du Nord-Ouest et réservé aux personnalités et aux commerçants qui pratiquaient le commerce des fourrures, dont le castor. L'expérience militaire et l'adoption de méthodes commerciales efficaces utilisées par les Français ont contribué à l'efficacité en affaires et au succès de la compagnie du Nord-Ouest. Parmi les membres, on retrouve de riches négociants en fourrures, des courtiers en fourrures à la retraite, des actionnaires et des traiteurs : Simon MacTavish, William MacGillivray, Roderick Mackenzie, Cuthbert Grant, Alexander Mackenzie, Simon Fraser, Angus Shaw et Charles Chaboillez, James McGill (le fondateur de l’Université McGill), Pierre Falcon, François Beaulieu, Michel Bourassa, Nicolas Montour et bien d’autres.

 

Une ou deux fois par année, on organise une sorte de banquet au Beaver Club de Montréal pour célébrer la vie et l’année passée dans les pays d’en Haut. On y pratiquait l’esprit de corps parmi un ensemble d'hommes respectés de la société et pour y être invité, on devait avoir passé au moins une année dans les pays d’en Haut. On connaissait donc les difficultés et les dangers du commerce de la fourrure au Canada. C’est la fête. On mange de l’ours, du castor et du pemmican, le tout bien arrosé. On rit, on chante de ces chansons comme on les a entendues pendant les déplacements sur les chemins d’eau dans les pays d’en Haut. On s’échange des histoires, des aventures périlleuses vécues dans les pays d’en Haut. On est un peu éméché lorsqu’un des fêtards prend un tisonnier en guise de pagaie, monte sur une table et commence à chanter une chanson de voyageur tout en imitant le mouvement énergique de ramer. D’autres ne tardent pas à l’accompagner avec n’importe quel objet pour ramer et c’est bientôt l’euphorie générale. On se met en rangées comme pour reconstituer l’action dans les grands canots. On chevauche même les tonneaux de vin, on saute de la table sur le sol comme si on sautait un rapide. Et ce, jusqu’au petit matin. Lors d’une de ces agapes, une vingtaine de participants dont Alexander MacKenzie et William MacGillivray chantaient et dansaient toujours jusqu'à 4 h du matin. On a retrouvé environ 120 bouteilles de vin, bues, cassées ou répandues cette nuit-là.

 

Des personnalités invitées : Lord Selkirk, le Général Sir Gordon Drummond, le Général Sir Isaac Brock, Washington Irving, le Général Sir Roger Sheaffe, Sir John Franklin, Thomas Moore, John Jacob Astor et Lord Dalhousie. Ce dernier écrit dans son journal qu’il ne se rappelle pas de moments plus agréables et intéressants que cette journée au Beaver Club.

 

Au début de chaque banquet au Beaver Club, on passe le calumet, le président fait un discours et on porte cinq toasts[2] :

 

  • à la mère de tous les saints

  • au roi

  • à la traite des fourrures

  • aux voyageurs, femmes et enfants

  • aux membres absents ou disparus

 

Pierre Falardeau en a fait un film : Le temps des bouffons. Finalisé plusieurs années après son tournage en 1985, le film utilise le banquet de fête du 200e anniversaire du Beaver Club, se déroulant à l'hôtel Reine Élizabeth, pour dénoncer le régime colonialiste qui, depuis la défaite des plaines d’Abraham, est imposé au peuple québécois par le conquérant anglais.[3]

 

3- Monsieur MacGillivray revient d’un long séjour dans les pays d’en Haut. On organise un souper de famille avec quelques invités.

 

Après le dîner, des invités terminent leur vin et se joignent alors aux dames pour le café et mademoiselle MacGillivray insiste auprès de monsieur MacGillivray pour qu’il chante une chanson entraînante des voyageurs : Le premier jour de mai. Il s’exécute et s’accompagne d’une main au piano pour jouer l’air plein d’allant.

 

Monsieur MacGillivray la chante comme les vrais voyageurs pouvaient le faire, imitant l’action de l’aviron, avec leurs voix retentissantes, mais tout aussi musicales. Sa voix exercée lui permet de nous rendre les crescendos et les décrescendos des sons sur l’eau poussés par le vent, dispersés et adoucis dans les grands espaces ou ramenés à l’oreille par les rochers avoisinants. Il termine, comme c’est l’habitude, avec le cri perçant à l’indienne[4].

 

4- Le docteur Bigsby qui accompagne régulièrement les voyageurs avoue n’avoir rien en commun avec eux, néanmoins il se rappelle leurs rires et leurs chansons. « Je les regarde avec une mystérieuse admiration, comme étant les derniers vestiges d’une civilisation ancienne. »[5]

 

5- La médaille de James McGill fait l’éloge du voyageur :

 

Un canot avec quatre voyageurs et sa devise : « Fortitude in Distress » ou « Le courage face au péril ». Ce qui veut dire qu’on avait gagné ses galons dans la nature sauvage, ayant parcouru à plusieurs reprises des milliers de kilomètres jusqu’à un comptoir de commerce isolé, puis revenant au point de départ.

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6- Ils ont marqué leur époque à cause des chansons!

 

Chanter est un outil de travail, une marque de commerce. Donner 50 coups de rame à la minute, ça permet de chasser l’ennui, de soutenir le rythme, la cadence, de combattre le stress, d’évacuer la peur après des situations dangereuses, etc. Ils chantent partout où ils passent, au départ de Lachine, à l’arrivée à Grand Portage, pour impressionner la foule qui se presse au départ ou à l’arrivée, pour saluer une autre brigade sur l'eau, au passage devant un village, un campement. On accourt pour chanter avec eux, pour les saluer au passage. Tout le monde chante avec eux, même les passagers qui admirent les chants rythmant si bien la cadence des avirons : Lady Simcoe, Thomas Moore. Leurs chansons ont une réputation internationale. Quand George Simpson choisit ses hommes, ce sont les meilleurs chanteurs du monde. D’ailleurs, c’est un talent reconnu. Le bon chanteur est mieux payé. On en parle, on les imite, on les célèbre dans les soirées mondaines, dans les repas de famille, au Beaver Club ou ailleurs. Ils ont marqué leur époque à cause des chansons!

 

[1] Podruchny, Les voyageurs et leur monde : 9-10

[2] Gough, First Across the Continent : 188-189

[3] Falardeau, Le temps des bouffons : Wikipédia

[4] Bigsby, The Shoe and Canoe : t. 1, 119

[5] Bigsby, The Shoe and Canoe : t. 1, 132-133

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L'univers du voyageur
Le reel du lac à BlancheChoeur Les Rhapsodes
00:00 / 02:30

L’univers du voyageur

Ces hommes pratiquaient l’un des métiers les plus durs qui soient! Levés vers 3 h du matin, ils pagayaient ou portageaient toute la journée, parfois jusqu’à tard dans la soirée, avec deux pauses pour manger.

Ramer est le travail du voyageur. Mais ramer n'est pas la seule chose qu'il faut faire pour accomplir son travail. Il faut aussi conjuguer avec les obstacles rencontrés : les rapides, les portages, le vent et les dangers.

 

Les rapides sont toujours dangereux, mais ils peuvent aussi être excitants. Il fallait que les voyageurs soient habiles à manier l’aviron, pour guider le canot et sauter un rapide en toute sécurité. Ça exigeait beaucoup de dextérité et d’adresse. Même expérimentés, des hommes pouvaient chavirer et se noyer. On raconte que des passagers sautaient à l’eau à la vue de rapides!

 

 

Quelques termes à comprendre :

 

Franchir des rapides en cordelle : on utilise des câbles pour tirer les canots quand on descend ou surtout lorsqu’on remonte un rapide difficile à franchir sans portager. Du rivage, on tire le canot alors que du canot on utilise des perches afin de tenir l’avant éloigné du rivage. On avance à la cordelle.

 

Faire une décharge : on décharge du canot toute la cargaison, laquelle est alors portagée. C’est plus facile de franchir des rapides lorsque le canot est allégé.

 

Aller en dégradé : se dit des voyageurs lorsqu'ils sont obligés de rejoindre la rive à cause du mauvais temps. On s’arrête en chemin, on est retardé par la neige, le vent, une tempête.

 

Aller en dérouine : lorsque les hivernants se rendent dans les lieux d'habitation ou de chasse des Amérindiens afin d'y faire la traite des fourrures.

Sur l’eau, on mesure les distances en pipées. Toutes les deux heures, on s’arrête et on allume la pipe. Un lac mesure 4, 7, 12 pipées.

Portager

 

Un portage demande beaucoup de travail et un effort de groupe. Pour éviter des endroits infranchissables, tels des rapides ou des chutes. On transporte à dos d’homme les marchandises et les canots jusqu’à l’autre bout du sentier. Toute la cargaison est répartie en charges de 90 lb chacune. Chaque voyageur en transporte un, deux ou trois à la fois. On utilise un collier, une courroie de portage retenue sur le front. Il va au trot, les genoux pliés, s’arrêtant quelques minutes toutes les demi-heures, ce repos étant techniquement appelé un posé. Les passagers craignent de se perdre. Ils suivent de très près et leur collent aux fesses. Le portageur dépose sa charge et retourne en chercher d’autres jusqu’à ce que toutes les pièces soient rendues à cet endroit et ainsi de suite jusqu’à la fin du portage. On mesure la longueur d’un portage au nombre de posés. On a donc des sentiers longs de 3, 5 ou 7 posés.

 

Ce qu’on peut dire de bien du portage, c’est qu’il permet de relier lacs et rivières. Le concept du portage vient des Indiens qui avaient compris cette façon de voyager. Tout le territoire leur était accessible et devenait ainsi un réseau où l’on franchissait les obstacles pour aller partout. Mais, un chemin de portage peut être accidenté et périlleux avec des rochers à gravir, des marécages, des sentiers tortueux. Le pied manque, glisse, roule sur une roche. D’où de nombreux accidents. Et courir dans les portages est un danger majeur.

 

Pour les voyageurs, le portage est la solution extrême, de dernier recours pour contourner chutes ou rapides impossibles à sauter. On s’approche de la rive sans y toucher. Deux voyageurs sautent à l’eau pour stabiliser le canot. Les autres se mettent alors à l’eau et le déchargent. On transporte ainsi toutes les pièces sur le rivage. Les passagers ne se mouillent pas, on les transporte à dos d’homme, même les femmes oublient bien vite leurs scrupules pour ne pas se mouiller. Il faudrait demander aux premières Sœurs Grises, Marie-Louise Valade, Eulalie Lagrave, Gertrude Coutlée et Hedwidge Lafrance, arrivées de Montréal à la colonie de la Rivière Rouge, le 21 juin 1844, et ce après un voyage de deux mois en canot d’écorce, ce qu’elles en ont pensé.

 

Voici un extrait du journal de Frances Simpson[1], l’épouse du gouverneur de la CBH, George Simpson :

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Le 4 juin

« Nous avons fait quelques portages et avons marché sur des pierres de granite dont certaines étaient dangereuses, en raison des pluies de la nuit passée, les rendant ainsi fort glissantes.

Les principaux étaient les suivants : la Chute de Jacob (le torrent qui bouille et écume, et dont on peut entendre le son de très loin), la Pointe de Bois, la Barrière, la Chute des Esclaves.

Nous avons campé sur un rocher magnifique, le Grand Galet, d’une surface parfaitement lisse et droite, mesurant 150 verges¹
 de longueur et large de 20 à 30 verges. Jusqu’à présent, ce fut l’endroit où il m’a été le plus agréable de coucher. Le paysage à cet endroit est superbe, l’eau claire qui coule sous le clair de lune, avec les tentes et les feux du camp, crée une image à la fois romantique et d’une grande beauté. »

Les portages étaient aussi difficiles pour les passagers que pour les voyageurs même si les premiers n’avaient que leurs affaires à transporter. Frances Simpson raconte un portage qui dura six heures : « Six heures à sauter, à glisser et à grimper. Cette expédition m’épuisa complètement et à l’arrivée, je me jetai sur l’herbe, incapable de bouger pendant un certain temps. »

¹  1 verge = 0,91 mètre

[1]  HBCA - Archives of Manitoba The Diary of Frances Ramsay Simpson, consultation sur place

L'univers suite
La suite Nouvelle-FranceChoeur Les Rhapsodes
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L’univers du voyageur (suite)

Souffle, souffle la Vieille!

Le vent représentait un élément non négligeable dans le voyage. Il pouvait être un obstacle important si de face ou de côté, mais, s’il se présentait de dos, on hissait une voile pour en profiter. Heureux et satisfaits, on en profite pour se reposer et même dormir. Les voyageurs l’appelaient la Vieille et l’invoquaient pour qu’elle leur soit favorable par une sorte d’incantation : « Souffle, souffle la Vieille! » Un rituel ou plutôt une superstition pour inciter le vent à souffler du bon côté consistait à répandre un peu de tabac sur l’eau et à prononcer la formule magique : Souffle, souffle la Vieille[1]. 

En traversant le lac Nipissing, on peut voir sur la rive quatorze croix de bois rugueux plantées pour marquer l’endroit où un canot, avec quatorze hommes à bord, a chaviré dans un grand coup de vent[2].


Les sortes de voyageurs

Il y a le mangeur de lard. C’est le surnom pour les voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest qui faisaient le trajet entre Lachine et Grand Portage / Fort William. Contrairement aux hommes du Nord, ils passent l'hiver au Bas-Canada, dans le confort douillet de leur foyer. C’est le moins endurci, le moins expérimenté. Il revient chez lui chaque saison. Il se déplace dans les grands canots appelés canots de Montréal ou du Maître longs de 36 pieds.

 

À l’ouest et au nord de Grand Portage / Fort William, il y a l’homme du Nord, un hivernant. Il est plus endurant, plus expérimenté.

Par-dessus tout, il y a l’homme de l’Athabasca qui est aussi un hivernant, le plus rude de tous. Il est mieux payé et jouit d’un plus grand prestige. Son canot, tout comme celui de l’homme du Nord, c’est le canot du Nord, long de 25 pieds.

Le guide est la personne responsable d’une brigade, celui qui veille à la navigation sécuritaire des canots.

L’interprète est aussi un voyageur qui possède un statut plus élevé. Il a beaucoup d’expérience et ses quelques connaissances des langues et des coutumes des Autochtones sont très utiles quand vient le temps de commercer avec eux.

Parce que chanter est un outil de travail, un bon chanteur est mieux payé. C’est dire qu’ils chantaient toujours.

Les positions dans le canot

Les bouts (les bouttes) : un voyageur occupant l'un des bouts du canot et servant de gouvernail ou d'avant. Les Bouts, avec l’aide de Milieux, portageaient le canot.

Le gouvernail : la position à l'arrière du canot, d'où on dirige le bateau.

L'avant : la position à l'avant du canot, occupée par les voyageurs plus expérimentés.

Le milieu : un voyageur qui occupe une position au milieu du canot, le statut le plus inférieur dans la hiérarchie des voyageurs.

On a besoin d’énergie

Le mangeur de lard se nourrit de lard et de maïs, et parfois de poisson et de gibier.

Ce qui soutient l’homme du Nord et l’homme de l’Athabasca, c’est le pemmican, le poisson et le gibier. Le pemmican étant une préparation autochtone constituée de viande de bison séchée et pulvérisée, et mélangée avec de la graisse et parfois des baies sauvages.

Si le voyageur a été le moteur de la traite des fourrures, le pemmican et le maïs ont été l’énergie qui les a propulsés.

Les dangers

Sur l’eau, il y a les rapides, un rocher, un tronc d’arbre à fleur d’eau; voyager la nuit pour rattraper un retard; les grands coups de vent, la brume, la pluie, les orages, les tempêtes, débarquer dans une tempête; une traverse, c’est un raccourci, c’est quand on coupe d’une rive à l’autre et qu’on cesse de longer la côte.

Sur terre, courir avec deux pièces de 90 lb sur le dos, glisser, tomber dans les portages; les sentiers mouillés, tortueux, un terrain accidenté, rocailleux, boueux.

Une petite prière en passant

On s’arrête quand on rencontre une croix, on se signe, on enlève son chapeau et on récite une courte prière pour se rappeler un camarade, un confrère disparu.

Le Rendez-Vous
 

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Source : Bibliothèque et Archives Canada

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Source : Les éditions GID

C’est la rencontre annuelle de la Compagnie du Nord-Ouest qui se tient au Fort William, où les brigades de l'ouest et de l'est se réunissent chaque été pendant environ deux semaines avant de retourner respectivement chez eux. Pour les bourgeois, c’est l’occasion de faire le point sur la saison passée, d’établir les orientations de la compagnie, de régler les affaires courantes. On discute du prix des fourrures, de stratégies de traite, du salaire des voyageurs. 

Pour les voyageurs, ça fait deux mois qu’on est partis de Lachine. On a hâte de retrouver la « civilisation », de revoir des connaissances, des amis, une passion, un amour de l’an dernier. On fait un arrêt juste avant Grand Portage, à Pointe au Chapeau et là, on se met en beauté : on se lave, se fait la barbe, met des vêtements propres. On veut faire bonne impression! À Grand Portage, il y a toute une société qui attend les voyageurs qui apportent du courrier, des nouvelles, des potins, des vêtements, des objets de consommation qui reflètent les nouvelles tendances de Montréal. On les accueille avec un pain frais, ce qui leur fait oublier temporairement leur diète au maïs. C’est la fête pendant deux semaines et les voyageurs font bombance avant de reprendre le collier pour le voyage de retour vers Montréal ou les Pays d’en haut. 

[1] Grace Lee Nute, The Voyageur, Minnesota History, Radiogram The Voyageur, Vol. 6, No. 2 (Jun., 1925), pp. 161 
[2] Robert Ballantyne, Hudson Bay, p. 161

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La fin d'une époque
La belle FrançoiseChoeur Les Rhapsodes
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La fin d'une époque!

Leurs rires et leurs chansons ne résonneront plus contre les falaises du lac Supérieur.

 

Vers 1840, c’est la fin de la traite des fourrures, les voyageurs ne viennent plus dans les pays d’en haut. Leur métier a disparu, ils s’établissent là où ils sont. Il est fini le temps des canots menés par les valeureux voyageurs qui ont parcouru tout le territoire nord-américain. On n’a plus besoin d’eux ni de leurs canots. On ne verra plus leurs tuques rouges sur les chemins d’eau. Leurs rires et leurs chansons ne résonneront plus contre les falaises du lac Supérieur.

 

Maintenant, c’est la foresterie, la drave et les camps de bûcherons. En 1886, un premier train traverse le Canada. Il part de la gare Dalhousie, à Montréal, et arrive à Port Moody, à 20 kilomètres de la petite localité de Granville, qui deviendra par la suite Vancouver.

 

Les voyageurs s’établissent là où ils sont, près des postes de traite et aussi dans des villes modernes telles que Détroit, Saint-Paul et Saint-Boniface. Ils fondent Sainte-Geneviève, près du rivage du fleuve Mississippi. Le déclin de la traite des fourrures, en plus de favoriser la fusion de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie de la Baie d’Hudson, a accentué cette sédentarisation. Par exemple, Sainte-Geneviève a été fondée par une cinquantaine de voyageurs.

 

Les voyageurs sont les premiers colons blancs dans plusieurs régions en Amérique. Ils bâtissent des villages. C’est le début de la civilisation actuelle.

 

Ils ont nommé lacs, rivières, villages, villes.

 

Ils ont laissé un souvenir impérissable : en Louisiane, au Michigan, au Midwest, au Nebraska, au Montana, à Sainte-Geneviève, à Saint-Boniface, à Grand Portage et à Fort William, à Lachine près de Montréal. Plus que ça, c’est toute l’Amérique du Nord qu’ils ont parcourue, qu’ils ont sillonnée. Ils nous ont laissé des souvenirs, une empreinte qui n’est pas prête à s’effacer de notre mémoire.

 

Le docteur Bigsby, un médecin britannique qui accompagne régulièrement les voyageurs, avoue n’avoir rien en commun avec eux, néanmoins il se rappelle leurs rires et leurs chansons :

« Je les regarde avec une mystérieuse admiration, comme étant les derniers vestiges d’une civilisation ancienne. »

R. M. Ballantyne, un commis de la Compagnie de la Baie d’Hudson, se déplace souvent d’un poste de traite à l’autre, en canot ou en traîneau. Il écrit dans Hudson Bay :

« Hélas! Les forêts ont perdu ces voix… seuls les étroits sentiers de portage et les croix rugueuses sur les tombes des voyageurs qui ont péri en chemin témoignent de l’existence de ce passé. »

Ces hommes pratiquaient l’un des métiers les plus durs qui soient! Levés vers 3 h du matin, ils pagayaient ou portageaient toute la journée, parfois tard dans la soirée, avec deux pauses pour manger. Pourtant, tous ces hommes n’auraient échangé leur place pour rien au monde! Selon eux, c’était ça la vraie vie! Ils étaient humbles, sans prétention. Et surtout, n’oublions pas les services rendus et l’importance de leur rôle dans l’histoire des États-Unis et du Canada.

 

Encore aujourd’hui, quiconque intéressé à cette page de notre histoire ou simplement recherchant l’aventure peut trouver un parcours de canot et en retirer une satisfaction. Tous ces chemins régulièrement utilisés au temps de la traite des fourrures restent accessibles aux canots encore aujourd’hui.


Alors, si vous tentez l’aventure du canot, si vous allez camper, le soir près d’un feu de camp, ayez une petite pensée pour eux, écoutez attentivement, tendez l’oreille, peut-être entendrez-vous venant d’un écho lointain : La belle Françoise ou En roulant ma boule.

partition.tif

Vous voulez savoir si vous avez un ancêtre voyageur?

Rendez-vous sur le site Web de la Société historique de Saint-Boniface (35 900 contrats d’engagement) :


Aussi à :

Vous y retrouverez 120 contrats d’engagement.


Et voilà, cette chronique est la dernière de ma modeste contribution au magazine Le Nénuphar. Vous pouvez cependant continuer à enrichir vos connaissances sur le sujet, soit par des lectures, des conférences, des visites de lieux historiques ou autres.

Je vous invite à communiquer avec moi, par courriel (bobed@ccapcable.com) ou par téléphone (418 849-1998) et je vous ferai des suggestions de lectures, de livres, de lieux historiques à visiter, de trajets routiers à suivre, de cartes à consulter, de sites Web à surfer, etc.

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