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Le reel du lac à BlancheChoeur Les Rhapsodes
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L’univers du voyageur

Ces hommes pratiquaient l’un des métiers les plus durs qui soient! Levés vers 3 h du matin, ils pagayaient ou portageaient toute la journée, parfois jusqu’à tard dans la soirée, avec deux pauses pour manger.

Ramer est le travail du voyageur. Mais ramer n'est pas la seule chose qu'il faut faire pour accomplir son travail. Il faut aussi conjuguer avec les obstacles rencontrés : les rapides, les portages, le vent et les dangers.

 

Les rapides sont toujours dangereux, mais ils peuvent aussi être excitants. Il fallait que les voyageurs soient habiles à manier l’aviron, pour guider le canot et sauter un rapide en toute sécurité. Ça exigeait beaucoup de dextérité et d’adresse. Même expérimentés, des hommes pouvaient chavirer et se noyer. On raconte que des passagers sautaient à l’eau à la vue de rapides!

 

 

Quelques termes à comprendre :

 

Franchir des rapides en cordelle : on utilise des câbles pour tirer les canots quand on descend ou surtout lorsqu’on remonte un rapide difficile à franchir sans portager. Du rivage, on tire le canot alors que du canot on utilise des perches afin de tenir l’avant éloigné du rivage. On avance à la cordelle.

 

Faire une décharge : on décharge du canot toute la cargaison, laquelle est alors portagée. C’est plus facile de franchir des rapides lorsque le canot est allégé.

 

Aller en dégradé : se dit des voyageurs lorsqu'ils sont obligés de rejoindre la rive à cause du mauvais temps. On s’arrête en chemin, on est retardé par la neige, le vent, une tempête.

 

Aller en dérouine : lorsque les hivernants se rendent dans les lieux d'habitation ou de chasse des Amérindiens afin d'y faire la traite des fourrures.

Sur l’eau, on mesure les distances en pipées. Toutes les deux heures, on s’arrête et on allume la pipe. Un lac mesure 4, 7, 12 pipées.

Portager

 

Un portage demande beaucoup de travail et un effort de groupe. Pour éviter des endroits infranchissables, tels des rapides ou des chutes. On transporte à dos d’homme les marchandises et les canots jusqu’à l’autre bout du sentier. Toute la cargaison est répartie en charges de 90 lb chacune. Chaque voyageur en transporte un, deux ou trois à la fois. On utilise un collier, une courroie de portage retenue sur le front. Il va au trot, les genoux pliés, s’arrêtant quelques minutes toutes les demi-heures, ce repos étant techniquement appelé un posé. Les passagers craignent de se perdre. Ils suivent de très près et leur collent aux fesses. Le portageur dépose sa charge et retourne en chercher d’autres jusqu’à ce que toutes les pièces soient rendues à cet endroit et ainsi de suite jusqu’à la fin du portage. On mesure la longueur d’un portage au nombre de posés. On a donc des sentiers longs de 3, 5 ou 7 posés.

 

Ce qu’on peut dire de bien du portage, c’est qu’il permet de relier lacs et rivières. Le concept du portage vient des Indiens qui avaient compris cette façon de voyager. Tout le territoire leur était accessible et devenait ainsi un réseau où l’on franchissait les obstacles pour aller partout. Mais, un chemin de portage peut être accidenté et périlleux avec des rochers à gravir, des marécages, des sentiers tortueux. Le pied manque, glisse, roule sur une roche. D’où de nombreux accidents. Et courir dans les portages est un danger majeur.

 

Pour les voyageurs, le portage est la solution extrême, de dernier recours pour contourner chutes ou rapides impossibles à sauter. On s’approche de la rive sans y toucher. Deux voyageurs sautent à l’eau pour stabiliser le canot. Les autres se mettent alors à l’eau et le déchargent. On transporte ainsi toutes les pièces sur le rivage. Les passagers ne se mouillent pas, on les transporte à dos d’homme, même les femmes oublient bien vite leurs scrupules pour ne pas se mouiller. Il faudrait demander aux premières Sœurs Grises, Marie-Louise Valade, Eulalie Lagrave, Gertrude Coutlée et Hedwidge Lafrance, arrivées de Montréal à la colonie de la Rivière Rouge, le 21 juin 1844, et ce après un voyage de deux mois en canot d’écorce, ce qu’elles en ont pensé.

 

Voici un extrait du journal de Frances Simpson[1], l’épouse du gouverneur de la CBH, George Simpson :

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Le 4 juin

« Nous avons fait quelques portages et avons marché sur des pierres de granite dont certaines étaient dangereuses, en raison des pluies de la nuit passée, les rendant ainsi fort glissantes.

Les principaux étaient les suivants : la Chute de Jacob (le torrent qui bouille et écume, et dont on peut entendre le son de très loin), la Pointe de Bois, la Barrière, la Chute des Esclaves.

Nous avons campé sur un rocher magnifique, le Grand Galet, d’une surface parfaitement lisse et droite, mesurant 150 verges¹
 de longueur et large de 20 à 30 verges. Jusqu’à présent, ce fut l’endroit où il m’a été le plus agréable de coucher. Le paysage à cet endroit est superbe, l’eau claire qui coule sous le clair de lune, avec les tentes et les feux du camp, crée une image à la fois romantique et d’une grande beauté. »

Les portages étaient aussi difficiles pour les passagers que pour les voyageurs même si les premiers n’avaient que leurs affaires à transporter. Frances Simpson raconte un portage qui dura six heures : « Six heures à sauter, à glisser et à grimper. Cette expédition m’épuisa complètement et à l’arrivée, je me jetai sur l’herbe, incapable de bouger pendant un certain temps. »

¹  1 verge = 0,91 mètre

[1]  HBCA - Archives of Manitoba The Diary of Frances Ramsay Simpson, consultation sur place

(à suivre)

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