Yaya, ivoirien
« Je me sens bien au Canada, car la population vit dans la paix sans aucune instabilité. »
« N’bé dia Canada, djamanan déh bè lanfia la, mangan foye té djamanan kônô. »
QUAND?
Je suis arrivé par avion directement d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le 9 décembre 2007.
POURQUOI AVOIR QUITTÉ LA CÔTE D'IVOIRE?
Après avoir terminé mon programme universitaire, où j’ai eu l’équivalent du baccalauréat d’ici, je voulais étudier dans un autre système d’éducation, mieux développé, où j’apprendrais de nouvelles réalités, une autre culture, un autre type de formation et dont je pourrais faire profiter les gens de mon pays. C’était ça, mon plan.
POURQUOI AVOIR CHOISI LE MANITOBA?
Je n’avais pas choisi de vivre au Manitoba au départ. Je désirais poursuivre mes études en Angleterre pour obtenir l’équivalence de ce que j’avais déjà fait comme études en Afrique, puis y retourner. Lorsqu’on a refusé ma demande d’application pour un visa, je me suis résigné à oublier mon idée d’aller étudier ailleurs et j’ai commencé à me préparer à intégrer le marché du travail.
Heureusement, une de mes connaissances avait un frère à Winnipeg et m’a un peu forcé la main en me parlant du Canada, que c’était un bon pays, un des meilleurs pays au monde… (ce que je peux confirmer maintenant). Cette dame m’a mise en contact avec son frère et après plusieurs correspondances, celui-ci a fait mon inscription à l’université, et autres démarches essentielles à mon arrivée.
Il faut préciser que de mes quatre années universitaires, on ne m’en créditait que deux. Mais après quelque temps, je me suis dit « Pourquoi obtenir un diplôme et retourner en Afrique sans expérience? Quel avantage y a-t-il à ça? » J’ai donc décidé de sanctionner mon diplôme canadien, un baccalauréat en administration des affaires, par une expérience canadienne.
COMMENT?
Je suis arrivé au Manitoba avec un statut d’étudiant international pour étudier au CUSB (Collège universitaire de Saint-Boniface, aujourd’hui l’Université de Saint-Boniface).
INSTALLATION
J’ai été chanceux parce que le frère de mon amie (celui qui vivait à Winnipeg et qui est devenu aussi mon ami) s’était occupé de me réserver une chambre à la résidence universitaire. Par contre, je suis arrivé en décembre, en plein hiver, et je n’étais certainement pas habillé pour affronter le climat d’ici. J’ai découvert que j’avais plus peur du froid dans ma tête que dans la réalité. Ce qui fait que dans le tunnel de sortie de l’avion, avant même de poser le pied dehors, j’avais commencé à grelotter. Mais avec mon crâne rasé, sans bonnet, j’ai eu le temps de me geler les oreilles pour de vrai avant de rentrer dans ma chambre.
Pour le reste, mon ami m’a facilité beaucoup de choses comme ouvrir un compte bancaire. L’année qui a suivi mon arrivée, le CUSB a créé le Bureau international pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants : aller les chercher à l’aéroport, les aider à faire leur épicerie, aller à la banque, les aider avec leurs cours, etc.
INTÉGRATION
Mon intégration a été facilitée grâce à mon ami qui m’a intégré à son réseau d’amis composé de gens d’ici et d’ailleurs, et j’ai pu ainsi profiter de leur expérience.
EMPLOI
Quand j’étais à l’université, j’ai obtenu le poste de chef de résidence seulement huit mois après m’y être installé, ce qui m’a permis d’être logé gratuitement pour le restant de mes études. Non seulement je n’avais pas de loyer à payer, mais c’était une bonne expérience de travail. À la fin de mes études, j’ai remplacé la personne qui m’avait embauché et je suis devenu agent au bureau de logement. Ce poste-là était rémunéré. Puis, j’ai été un des premiers employés du bureau international créé au CUSB, à titre d’agent d’accueil j’accompagnais les étudiants nouvellement arrivés.
J’ai commencé ensuite à travailler pour l’Accueil francophone et en même temps je m’impliquais auprès de l’Alliance des radios communautaires de l’Ouest et des Territoires (ARCOT). Une chose en entraîne une autre et la directrice d’Envol, la radio communautaire du Manitoba, m’a offert un poste en comptabilité, emploi qui correspondait à ma formation universitaire. Mes fonctions ont évolué avec le temps pour finir par aboutir à la direction d’Envol.
CULTURE
D’abord, le style d’enseignement est différent de celui en Afrique. Ce dernier, qui s’appuie sur le système français, met l’accent sur la mémorisation et n’accorde pas beaucoup de place à la pratique. Ici, c’est le contraire, moins d’accent sur la mémorisation, mais beaucoup de pratique.
Il y a aussi une grande différence dans le degré de respect accordé aux personnes âgées. Dans mon pays, on n’appelle
COMMUNAUTÉ
J’ai participé au Festival du Voyageur avec mes amis, puis avec ma famille. Je suis membre du conseil d’administration de l’organisme Abri Marguerite, une initiative mise en place pour répondre au besoin de logement des familles immigrantes. Je suis aussi membre du conseil d’administration de l’Alliance des radios communautaires du Canada. Je n’ai plus le temps comme
avant de m’impliquer dans les activités de ma communauté, mais j’en ai fait beaucoup auparavant, surtout lors d’ateliers d’intégration des nouveaux arrivants organisés par l’Amicale de la francophonie.
ACTIVITÉS, PASSE-TEMPS
• Lecture
• Faire du sport
pas une personne âgée par son nom, comme les enseignants d’ailleurs. Ce sera monsieur ou madame, et avec beaucoup de déférence. En plus, on ne fixe pas ces personnes dans les yeux quand on leur parle, ce serait impoli. Mais ici, si on ne regarde pas une personne dans les yeux quand on lui parle, c’est considéré comme étant impoli et même, on peut penser que tu cherches à cacher la vérité. Ça fait partie du défi.
La distanciation aussi, et là, je ne parle pas de la distanciation forcée actuelle comme moyen de limiter la transmission de la COVID-19, mais de l’habitude des Africains de manifester fréquemment des marques d’affection entre amis et amies de même sexe, et entre les membres d’une même famille comme se donner des bises ou se faire l’accolade. Si une personne ne s’approche pas de moi, en Afrique, c’est comme si cette personne me rejetait. Alors qu’ici, c’est plutôt la norme de se tenir à l’écart pour respecter l’espace des gens.
Et lorsqu’on retourne en Afrique avec nos nouvelles habitudes acquises ici, on est mal vu! Avec le temps, on développe une nature hybride en quelque sorte. Pas tout à fait canadien, plus tout à fait africain…
LANGUE
Les mots d’ici que je ne connaissais pas :
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brocheuse => agrafeuse
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cartable => classeur ou sac
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il mouille => il pleut
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salle de bain => toilettes
Mes mots que les Manitobains comprennent moins (essentiellement le français de France) :
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classe => cours
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pointe => clou