L’Ordre souverain militaire de Malte
Bonjour à toi ô jeune collectionneur de timbres! Comme de nombreux philatélistes, j’ai un grand intérêt pour l’Histoire qui a été stimulé et alimenté par d’innombrables lectures (j’ai accumulé plus de 500 livres d’histoire, un vrai capharnaüm de livres comme dit mon épouse…). Cet intérêt pour l’Histoire a aussi engendré, du moins en partie, mon intérêt pour les timbres…
Je lis aussi de nombreux romans à saveur historique. Un de ceux que j’ai adorés était Da Vinci Code, un roman écrit par l'Américain Dan Brown. Peut-être l’as-tu lu toi aussi? Je ne ferai pas un résumé du livre, mais, essentiellement, le héros du livre, Robert Langdon, est accusé du meurtre d’un membre d’une ancienne et puissante confrérie : le Prieuré de Sion. Au fil du roman, le lecteur apprend que le meurtre a en fait été accompli par un membre d’une autre confrérie : l'Opus Dei. Quoique cette histoire est évidemment fictive, les références à l'Opus Dei et au Prieuré de Sion, elles, baignent bel et bien dans l’Histoire… et, bien sûr, il y a un lien intéressant avec la philatélie…!
Au cours de l’Histoire, mais surtout au Moyen-Âge, il y a eu de nombreuses confréries. La mieux connue est l’Ordre du Temple ou les Templiers sur laquelle beaucoup a été écrit. Les Chevaliers teutoniques (Teutonic Knights) sont une autre confrérie du Moyen-Âge qui a perduré jusqu’au début du 20ᵉ siècle en tant que propriétaires de terres dans les pays baltiques (et ils ont aussi émis des timbres…).
La confrérie qui a surtout retenu mon attention et qui a un lien beaucoup plus direct avec la philatélie est l’Ordre souverain militaire de Malte (Sovereign Military Order of Malta – SMOM).
Voici un petit cours d’histoire… Aussi connue comme l’Ordre des Chevaliers Hospitaliers, la naissance de l’ordre remonte à 1048. Les marchands de l’ancienne République marine d’Amalfi avaient alors obtenu du calife d’Égypte l’autorisation de construire une église, un couvent et un hôpital à Jérusalem, pour s’occuper des pèlerins de toutes fois religieuses. L’Ordre de Saint‑Jean de Jérusalem – la communauté monastique qui dirigeait l’hôpital pour les pèlerins en Terre sainte – est devenu indépendant sous la direction de son fondateur, le frère religieux Gérard. Le 15 février 1113, le pape Pascal II approuve la fondation de l’hôpital et la place sous l’égide du Saint-Siège, lui accordant le droit d’élire ses propres supérieurs sans ingérence d’autres autorités laïques ou religieuses. Grâce à cette décision ou bulle papale, l’hôpital est devenu un ordre qui n’était plus sous le contrôle de l’église locale. Pour être membres de l’ordre, tous les chevaliers devaient être religieux, liés par trois vœux : pauvreté, chasteté et obéissance.
Lors des grandes croisades chrétiennes du Moyen-Âge, l’ordre se vit obligé de prendre en compte non seulement la défense militaire des malades, mais aussi celles des pèlerins et des territoires capturés. L’ordre ajoutait ainsi la tâche de défendre la foi à celle de sa mission hospitalière.
Lorsque le dernier bastion chrétien en Terre sainte tomba après le siège d’Acre en 1291, l’ordre s’installa d’abord à Chypre et se relocalisa ensuite sur l’île de Rhodes en 1310. En 1523, après six mois de siège et de combats acharnés contre la flotte et l’armée du sultan Suleiman le Magnifique, les chevaliers furent forcés de se rendre et de quitter l’île de Rhodes. En 1530, ils s’établirent à Malte. En 1798, Napoléon Bonaparte occupe l’île de Malte pour sa valeur stratégique pendant sa campagne égyptienne. En raison d’une règle de l’ordre leur interdisant de lever des armes contre d’autres chrétiens, les chevaliers de l’ordre ont été forcés de quitter Malte. Bien que les droits souverains de l’ordre sur l’île de Malte aient été réaffirmés par le Traité d’Amiens (1802), l’ordre n’a jamais pu retourner à Malte. Après avoir résidé temporairement à Messine, à Catane et à Ferrare, l’Ordre militaire souverain de Malte s’installe définitivement à Rome, où il possède, outre un statut extraterritorial, le Palais Magistral de la Via Condotti 68 et la Villa Magistrale sur la colline de l’Aventin. L’ordre s’y trouve toujours aujourd’hui.
Compte tenu de ses circonstances actuelles inhabituelles, le statut en droit international de l’Ordre souverain militaire de Malte a fait l’objet d’un certain débat puisque ce dernier prétend être un exemple d’une entité souveraine qui n’est pas un État proprement dit. Certains juristes internationaux ont expliqué qu’une entité souveraine n’a pas besoin d’être un pays, et que l’Ordre militaire souverain de Malte en est un parfait exemple. Cette pensée semble être soutenue par un certain nombre de pays qui ont établi des relations diplomatiques avec l’Ordre militaire souverain de Malte. Ce dernier entretient de telles relations avec 104 États ainsi que des relations semi-officielles avec six autres pays. De plus, l’ordre est reconnu par la Communauté européenne, le Comité international de la Croix-Rouge et par un nombre grandissant d’organismes internationaux. J’arrive au lien avec la philatélie!
Le SMOM délivre ses propres passeports, produit sa propre monnaie et émet des timbres. Le 20 mai 1966, une administration postale appelée Poste Magistrali a été créée pour l’ordre et ses premiers timbres ont été émis le 15 novembre de la même année. Malheureusement, des accords postaux n’ont été conclus qu’avec seulement une cinquantaine de pays qui autorisent l’envoi du courrier de l’ordre, à condition qu’il soit posté et affranchi à la Poste magistrale de la Via Bocca di Leone 68 située à Rome. Le Canada n’a pas conclu un tel accord avec l’Ordre militaire souverain de Malte. De plus, l’ordre n’est pas membre de l’Union postale universelle (institution des Nations unies qui favorise le développement et la coopération des différents systèmes postaux à l’échelle mondiale). En conséquence, de nombreux catalogues philatéliques considèrent les timbres émis par l’ordre comme étant soit des timbres Cendrillons ou des timbres-poste locaux et ne les énumèrent tout simplement pas. En fait, les deux seuls grands catalogues dans lesquels j’ai trouvé les timbres de l’ordre (SMOM) sont le catalogue italien Unificato et le catalogue français Yvert et Tellier.
Jusqu’en 2005, les timbres du SMOM reflétaient les Scudi, Grani et Tari, la monnaie de l’ordre, qui équivalait à peu près à l’ancienne devise de Malte avant qu’elle ne rejoigne la zone euro : 1 scudo = 12 tari = 240 grani = 12 cents maltais. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2005, les timbres sont libellés en euros. Les timbres comportent tous l’inscription Poste Magistrali et affichent tous une ou plusieurs petites croix maltaises.
Si tu trouves que les timbres du SMOM ressemblent beaucoup aux timbres du Vatican, de Saint-Marin (San Marino) ou de l’Italie, tu as raison! Les premiers timbres du SMOM ont été imprimés chez De La Rue, une célèbre compagnie qui a imprimé des timbres de nombreux pays. Toutefois, aujourd’hui les timbres du SMOM sont imprimés par diverses compagnies maltaises et italiennes. En plus des timbres-poste, le SMOM produit des aérogrammes, des cartes maximales, des enveloppes premier jour, des feuillets et des cartes postales avec des timbres imprimés. Les timbres du SMOM ne sont pas très dispendieux et sont relativement faciles à obtenir. De quoi obtenir facilement une collection complète!